Ecrit vain
Le 1er octobre 2003
Une romancière sacrifiée raconte ses désillusions sur le monde éditorial. Ne devient pas best-seller qui veut !...
- Auteur : Marie-Odile Beauvais
- Editeur : Ed. Melville/Léo Scheer
- Genre : Roman & fiction
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Marie-Odile Beauvais a des comptes à régler. Avec (notamment) une prestigieuse maison d’édition (Grasset), une attachée de presse et une responsable éditoriale. Des comptes, et surtout des souffrances. Celles d’une jeune écrivaine qui voit son premier roman publié chez un éditeur renommé et qui se fait lâcher par toute l’équipe une fois Les forêts les plus sombres (le titre n’est pas d’elle !) sorti de l’imprimerie.
Son manuscrit, elle l’a déposé sans se faire vraiment d’illusions. Alors, le jour où cette jeune femme "belle, grande, bronzée" l’appelle pour lui dire tout son enthousiasme et lui annoncer que Grasset va la publier, Marie-Odile Beauvais déborde de joie. Elle est un écrivain, aucun doute là-dessus, on le lui répète sur tous les tons. Mais sa joie va être de courte durée. Car l’auteure explique son rôle de sacrifiée. Pas de chance, elle est publiée au même moment qu’un jeune loup dont on dit le plus grand bien (copinage et relations oblige) et qui squatte toutes les télés. Il s’appelle Yann Moix. Du coup, Les forêts les plus sombres passe à la trappe marketing et sort dans une indifférence totale. Pas de photos de presse, pas de salon du livre, aucune critique ni média.
Mauvaise volonté de l’attachée de presse, phrases assassines, trahisons et hypocrisie... Tout est raconté sans complaisance. Le pire reste sans doute la désillusion d’une femme qui s’imaginait qu’un éditeur respectait tous ses auteurs et qui se voit totalement mise de côté. Alors, voici venu le temps de la remise en question. Est-ce la valeur de son roman qui est en cause ? Son caractère, fougueux, passionné et rentre dedans ?
Tout cela pourrait être très drôle si la réalité était différente. Mais les évidences parlent d’elles-mêmes... Le nombre d’ouvrages passés au pilon est tellement impressionnant et la médiatisation reste une chasse si jalousement gardée qu’on imagine sans peine le nombre d’écrivains qui auraient pu traiter du même thème et qui ne l’ont pas fait. Et du nombre d’éditeurs qui auraient pu publier Discrétion assurée et qui ne l’ont pas fait. L’indépendance de Léo Scheer aura permis à ce roman d’exister. En toute discrétion...
Marie-Odile Beauvais, Discrétion assurée, Ed. Melville/Léo Scheer, 2003, 197 pages, 17 €
– Regards croisés : Humeur d’auteur, le billet de Nathalie Ours sur le même thème.
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