Le 31 août 2017
- Scénariste : Marion Duclos>
- Dessinateur : Marion Duclos
- Genre : Chronique sociale
- Editeur : Casterman
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 23 août 2017
Une tranche de vie pleine d’exil, d’Espagne et de République.
L’histoire d’Ernesto est pleine de rebondissements, de tragédies et de renouveaux. C’est un grand-père espagnol qui a dû s’exiler en France, tourner le dos à sa patrie tombée aux mains des soldats franquistes, pour mettre sa famille à l’abri. Des personnes comme lui, il y en a des centaines, des milliers en France. Arrivés à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, ils ont connu les camps, le racisme, l’impossibilité de faire le deuil de leur pays tout en étant difficilement intégrés sur le nouveau sol. Il a donc connu la fièvre anarchiste, la guerre avec les Brigades, la douleur de la retraite, et va le raconter. Ou pas vraiment. Cette BD est ancrée dans le présent, certes tourné vers le passé, mais il n’y aura pas un seul flashback, pas un seul retour en arrière, pas d’Ernesto jeune et fringant. Il a tout le long du livre sa canne, ses rhumatisme et son sale caractère, lui qui va partir sur un road trip finalement assez court en distance, mais riche en émotions, qui va lui permettre de se livrer sans tout dévoiler, d’apprécier la vie sans oublier les morts. En choisissant de montrer le quotidien de ces anciens Républicains farouches et fiers d’Espagne, à travers des scènes de vie bruyantes et vivantes comme ce peuple latin sait si bien le faire, Marion Duclos honore une mémoire qui a vu d’autres adaptations situées davantage au cœur du conflit, mais finalement peut-être moins véridiques. Ces brèves de comptoir, où l’espagnol hache le français, où les habitudes ressurgissent au contact d’autres exilés, ces petites attentions familiales où les nouvelles générations ignorent tout de l’horreur de la guerre civile, tout cela créé un album doux et chaud, où la guerre est finalement un souvenir, et c’est très bien ainsi.
© Casterman
Le dessin, fait de traits finement tracés et de couleurs vives savamment dosées, correspond parfaitement à l’air du temps, aux exigences du roman graphique de 2017 plus que du témoignage épique de la guerre civile de 1937. Les personnages, pour la plupart des seniors encore plein de vie, mais pas sans cicatrices, sont extrêmement attachants, et on se plaît à suivre leur petit chemin, dans des garages et des bars à l’ancienne, sur un coin de forêt tranquille ou le bord d’une route sans nom. Pas de paysage à couper le souffle, ni de scène de violence stupéfiante, les planches sont jolies, réalistes et souvent riantes.
© Casterman
Comme une mémoire vivante d’un des plus grands traumatismes de l’Histoire espagnole, qui se croise désormais avec celle de la République française, Ernesto est un grand-père marqué mais touchant, une figure patriarcale qui a connu l’horreur, et dont le souhait n’est pas de regagner coûte que coûte son pays natal, mais bien que ses petit-enfants ne puissent jamais vivre ce déracinement.
162 pages - 20€
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