Le 1er mai 2018
Deuxième coffret, de 1974 à 1982, toujours aussi précieux, plus peut-être puisque chacun pourra disposer de quelques indispensables chefs-d’œuvre. L’édition est magistrale.
- Réalisateur : Rainer Werner Fassbinder
- Nationalité : Allemand
- Editeur vidéo : Carlotta Films
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– Sortie coffret Blu-ray : le 18 avril 2018
Les films : Si Roulette chinoise est un peu décevant et L’Allemagne en automne très singulier, ce coffret présente d’authentiques chefs-d’œuvre d’un cinéaste en pleine maîtrise de ses moyens. On aura là un aperçu d’un univers fascinant, depuis le très beau Effi Briest jusqu’à la superbe trilogie allemande. Fassbinder ne cesse d’y questionner son pays et les rapports humains, avec une force et un pessimisme peu communs.
Les suppléments :
Le coffret propose un livret, le même que celui du premier volume, quelques bandes-annonces et un DVD de bonus de qualité. D’abord une analyse à trois de la « trilogie allemande », substantielle et féconde : Nicole Brenez voit ces films comme une allégorie et pose un regard politique, alors que Marielle Silhouette s’attarde sur les références, la signification des noms et des dédicaces. Enfin, Cédric Anger évoque les diverses influences de Fassbinder (Sirk, Sternberg, Wilder). Précieuses contributions qui enrichissent notre connaissance de ces œuvres (41mn30).
Dans un entretien en français, Hanna Schygulla revient sur Maria Braun, le personnage, la fin du film ou la vision de Fassbinder. C’est intéressant et très délicat, à l’image de l’interprète (20mn). Sur le même film, La maison Fassbinder propose une étude érudite et brillante, en détails comme en significations générales (21mn) : que ce soit sur la symétrie, les décors ou des effets de mise en scène, on apprendra beaucoup à la vision de ce bonus. Aussi savante, l’analyse de Lola, une femme allemande par Caroline Champetier porte principalement sur la lumière (« un paradoxe visuel ») (15mn). Sans surprise, le commentaire chapitré de Jean Douchet sur Le secret de Veronika Voss est tout aussi stimulant (la lumière, le noir et blanc, les amorces, la politique) et vertigineux de références (Sirk, Murnau, Fellini, Ophüls…) (23mn).
Fassbinder Frauen est un essai de Nicolas Ripoche (25mn) constitué d’extraits de films centrés sur la représentation des femmes (les visages, les corps, les étreintes) et qui fait alterner émotion et esthétique. Sans commentaires, ce supplément utilise divers artifices comme le split-screen, l’incrustation, la surimpression ou l’iris pour parvenir à un puzzle intrigant.
Enfin, Fassbinder Politik (27mn) présente le témoignage d’une journaliste, Heike Hurst, qui revient sur la situation du pays en 1977, pour éclairer non seulement L’Allemagne en automne, mais aussi tout une part de l’œuvre.
On choisit de traiter le fragment de L’Allemagne en automne comme un bonus, bien que ce soit un film inséré sur la troisième galette. Mais son statut particulier et sa brièveté (33mn) le situent à part. Il est extrait d’une œuvre collective, témoignage de cinéastes dans l’époque troublée que vivait le pays (1977) : enlèvements, suicide de la bande à Baader. Constitué d’une discussion avec sa mère et des relations avec son amant, en montage alterné, le segment montre la contamination du privé par le politique ; Fassbinder dans son propre rôle s’y met à nu, au propre comme au figuré, en tyran domestique violent, drogué, alcoolique et paniqué. Il interroge la place de l’État, la réaction appropriée au terrorisme, le dessein du cinéma, en une réflexion tendue qui se termine par l’aveu maternel, selon lequelle il faudrait à l’Allemagne un « maître autoritaire » mais « gentil ». Glaçant.
L’image :
Les copies sont propres, dénuées de parasites. Selon les films, la définition est plus ou moins précise (Roulette chinoise est en-deçà, par exemple, sans que le confort visuel soit vraiment altéré). D’une manière générale, les couleurs sont optimales, surtout dans la trilogie allemande, excepté évidemment Le secret de Veronika Voss, d’un noir et blanc admirable.
Le son :
Là encore, la restauration a tiré le meilleur des pistes (en VO seulement), sans scories ni souffle. On reste loin des canons actuels, mais les dialogues sont limpides et les bruitages très présents.
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