Sans voir la lumière du jour
Le 14 septembre 2015
Entre réinvestissement inventif du cinéma de genre et goût certain pour l’humour noir, ces courts métrages métaphoriques font le portrait glaçant des laissés-pour-compte de la société coréenne.
- Réalisateurs : Park Chan-wook - Kim Jee-woon - Bong Joon-ho - Moon Byoung-gon - Moon Hyun-Sung
- Genre : Drame, Fantastique, Court métrage, Film de vampire
- Nationalité : Sud-coréen
- Durée : 1h23mn
- Date de sortie : 16 septembre 2015
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– Années de production : 2012-2014
Entre réinvestissement inventif du cinéma de genre et goût certain pour l’humour noir, ces courts métrages métaphoriques font le portrait glaçant des laissés-pour-compte de la société coréenne.
L’argument : Le cinéma sud coréen bénéficie d’une reconnaissance internationale dans le domaine du film de genre. Thriller, horreur, suspens, gore, films de zombies, de vampire ou d’exorcisme : tous les sujets sont un prétexte à l’expression débridée et talentueuse des réalisateurs coréens contemporains. Claustrophobia est une sélection de cinq films représentatifs de cette vitalité et virtuosité d’un cinéma encore méconnu en France.
Notre avis : Alors que commence dés le 15 septembre la rétrospective « Séoul hypnotique » au Forum des Images de Paris qui présentera pas moins de 80 films, et après le succès en 2015 de Sea Fog de Sung Bo Shim, Claustrophobia est le nouveau rendez-vous à ne pas rater avec le cinéma coréen !
Les cinq courts métrages présentés sont tous sont imposants de maîtrise : découpages fluides, travellings ingénieux, photographies splendides. De petits bijoux, à découvrir en salle.
- VZ PICTURES
Le premier court métrage présenté est peut être le plus abouti. Il relate la vie désastreuse de Won-Ki qui vit cloîtré avec sa mère dans un appartement insalubre duquel il va être expulsé. Intitulé Mould, ce court métrage témoigne de l’attachement du cinéma coréen pour la métaphore. L’enfermement est ici autant physique que mental, le jeune homme est prisonnier d’un rêve éveillé où il a enfin exaucé la volonté de sa mère, trouver une jolie fille qui les aiderait à la maison. Cette jeune femme issue d’un songe va ainsi accompagner Won-Ki et sa mère dans leurs derniers jours, les rendant heureux alors que l’appartement se fissure de toutes parts. Comme souvent dans le cinéma coréen, un humour très noir vient amplifier la dureté des événements, ici, il est présent dans cette superbe séquence où nos trois résidents dînent sous des parapluies les protégeant de la pluie qui tombe, comme si le plafond avait cédé.
Safe ne sera pas plus tendre avec la société coréenne et ses laissés-pour-compte. On y suit une jeune étudiante qui s’occupe de la caisse, dans un cercle de jeu illégal. Elle vole l’argent à ses clients, des hommes brisés par l’addiction au jeu. Le jeu de massacre qui s’en suivra, se réalisera dans un souterrain, entre des protagonistes plus pauvres et misérables les uns que les autres. Mais Safe prend soin de ne jamais tomber dans le misérabilisme et expose clairement l’avidité de son personnage principal. De nouveau, l’argent est au centre de l’intrigue. Si dans Mould, le manque de ce dernier menait les résidents à se laisser pourrir dans l’humidité de leur appartement, l’obsession du gain réservera une bien douloureuse destinée à l’étudiante de Safe.
Last interview est intéressant là encore dans son rapport enthousiasmant à la métaphore. Ne pouvant pas s’exposer au soleil, M.Baek ne parvient pas à trouver de travail. A travers cette maladie, c’est toute la difficulté d’insertion de l’individu au sein de la société coréenne qui est pointée du doigt, une société qui conspue la différence et favorise l’’exclusion. Le genre du film de vampire est donc ici une porte d’entrée vers une nouvelle thématique sociale, celle du monde du travail.
Janus est probablement le court métrage le moins emballant de Claustrophobia. Filmé entièrement par la boîte noire d’un véhicule, le film tourne vite à l’exercice de style vain et répétitif. Inspiré par les nombreux found footage dont le cinéma américain nous a malheureusement abreuvé depuis quelques années, Janus ne parvient jamais à dépasser son concept.
L’héritage américain est par ailleurs également présent dans le dernier court métrage intitulé 12th assistant deacon, dans lequel un jeune prêtre vient assister un exorciste. Se déroulant de façon extrêmement classique, dans une déférence totale au chef d’œuvre de William Friedkin, le court métrage affirme sa singularité par la présence d’un trauma lié au service militaire -qui dure trois ans en Corée-, dans lequel le jeune prêtre est assailli par trois hommes dans les douches. 12th assistant deacon se distingue ainsi de son modèle américain et propose une nouvelle fois une entrée par le cinéma de genre via un fait plus social. 12th assistant deacon témoigne ainsi de la manière dont le cinéma coréen peut investir l’héritage américain en y insufflant des thématiques propres à sa société. Bong-Joon Ho avec le génial Snowpiercer, Park Chan-Wook et l’intrigant Stoker et Kim Jee Woon avec Le dernier rempart en témoignent amplement avec ces trois essais hors de leurs frontières, proposant de purs films de genre américain en conservant leur forte identité coréenne.
CLAUSTROPHOBIA from Agence du court métrage on Vimeo.
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