Empathy for Mister Vengeance
Le 24 mai 2024
Un nouveau jalon asiatique. Ce film de vengeance déclasse tous ses concurrents directs (le diptyque Kill Bill ou Dead Man’s Shoes, pour ne citer que les plus mémorables). À voir de toute urgence...
- Réalisateur : Kim Jee-woon
- Acteurs : Choi Min-sik, Lee Byung-hun , Kim Yoon-seok
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Sud-coréen
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 2h22mn
- Titre original : Akmareul boatda
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement
- Date de sortie : 6 juillet 2011
- Festival : BIFFF 2011
Résumé : Un agent secret recherche le serial killer qui a tué sa fiancée.
Critique : Tout le bien que l’on pensait déjà du cinéma sud-coréen se confirme encore ici ; Park Chan-wook (Thirst, ceci est mon sang) qui avait loupé de peu la Palme d’or avec Old boy ; Bong Joon-ho (Mother) et son thriller Memories of Murder qui n’avait rien à envier au Silence des agneaux ; Kim Ki-duk (Souffle) avec son merveilleux conte philosophique Printemps, été, automne, hiver et... printemps ; et Kim Jee-woon, qui avait marqué les esprits avec le virtuose A Bittersweet Life. Actuellement, ce quatuor de cinéastes compte parmi les plus grands auteurs du cinéma mondial. Soit un condensé d’esthétisme frôlant la perfection et d’ultra-violence pointant du doigt, pratiquement à chaque fois, les carences des forces de l’ordre étatiques. Cette brutalité effrénée, faisant presque passer Old Boy pour un enfant de chœur, "porterait gravement atteinte à la dignité humaine" selon le comité de Censure. Interdit aux moins de 18 ans, I Saw the Devil a été présenté dans quelques festivals (dont celui de Toronto) et il est fort à parier qu’il aura bien du mal à être distribué hors des frontières de son pays. En France, le distributeur ARP a tout de même annoncé une date de sortie estivale au 6 juillet 2011.
Après le décevant hommage à Sergio Leone par le biais du déjanté "eastern nouilles" (Le bon, la brute, le cinglé), Kim Jee-woon fait un retour fracassant avec ce thriller implacable dans la lignée de The Chaser. Dans un décor enneigé, une tension palpable s’installe dès les premières minutes à bord de la camionnette du tueur dont on ne voit que le pare-brise surmonté de deux yeux lumineux à la prospection d’une hypothétique nouvelle victime. Dépité par la découverte de sa tête, son fiancé se lance aux trousses de ce tortionnaire, déterminé à lui rendre la monnaie de sa pièce en lui infligeant un châtiment digne de l’enfer jusqu’à ce que mort lente et douloureuse s’ensuive...
Réalisateur hétéroclite, Kim Jee-woon s’essaye à un genre nouveau (le suspense) avec une virtuosité époustouflante, succédant ainsi au fantastique (Deux sœurs), au policier A Bittersweet Life et au western Le bon, la brute, le cinglé. Si rares sont les films qui ont atteint un tel degré de violence, elle est tout de même atténuée par la haine intelligible qui habite le personnage interprété à merveille par le charismatique Lee Byung-hun, suite au meurtre abject de sa bien-aimée et de l’être qu’elle portait en elle. Dans ce duel psychologique et sadique qui le met en présence du mal suprême campé par l’inoubliable rescapé de Old Boy, personne n’en ressortira indemne, pas même le spectateur. Mis à part pour les âmes sensibles, éviter cette rencontre diabolique et déjà cultissime avec le diable serait une damnation.
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Frédéric Mignard 17 juillet 2011
J’ai rencontré le diable - Park Chan-wook - critique
Terrifiant, douloureux, ultra violent et implacable... voilà un thriller, aux confins du conte horrifique, qui a du style ! Une énorme claque.
Frédéric de Vençay 19 juillet 2011
J’ai rencontré le diable - Park Chan-wook - critique
"I saw the devil" a en effet tout du film coup-de-poing et enchaîne les morceaux de bravoure avec un jusqu’au boutisme rare et une foi jamais démentie dans le cinéma. La mise en scène atmosphérique et esthétisante de Kim Jee-Woon est souvent sublime. L’ensemble est toutefois un peu trop long, souffre de baisses de rythme et verse parfois dans une complaisance un chouïa dérangeante. Le (très) grand film n’était pas loin.
roger w 24 juillet 2011
J’ai rencontré le diable - Park Chan-wook - critique
Absolument brillant, ce nouvel opus coréen confirme la maîtrise des réalisateurs locaux. Non seulement J’ai rencontré le diable est d’une incroyable violence (au-delà du moindre film dit d’horreur), mais il comporte en plus une réflexion très intéressante sur la vengeance et son inutilité. Parfois limite sur le plan idéologique, le film esquive en dernier ressort le fascisme rampant pour affirmer un point de vue plus nuancé. Et puis quelle maîtrise formelle. Assurément l’un des grands films de l’été.
Jujulcactus 30 juillet 2011
J’ai rencontré le diable - Park Chan-wook - critique
Présenté comme l’œuvre de vengeance ultime, le dernier opus de Kim Jee-Won n’en a pour moi pas complètement l’étoffe... Le réalisateur a clairement voulu son film classieux et ultra-violent, et sur ces deux points il n’y a pas de litige possible, sa technique est irréprochable et l’hémoglobine coule à torrent... Mais l’intrigue et son développement ne surprennent jamais, très classique et rarement vraisemblable, le héros veut comme souvent se venger (ici du tueur de sa femme), faire souffrir sa cible jusqu’à n’en plus pouvoir... Et le film s’embourbe après un très bon départ dans un schéma bien huilé mais répétitif, de fait et de violence, le réalisateur ne s’amuse alors qu’à changer les lieux. Cette violence de tous les instants en arrive à être complètement gratuite et plombante, présente pour impressionner le spectateur de son réalisme, elle assombrit un film déjà on ne peut plus noir..Il n’y en a de trop, au point de blaser et de perdre en efficacité, à la fin on se sent comme anesthésié... Malgré tout, on est tenu en haleine, il y a une ambiance, les deux acteurs s’en sortent bien malgré des personnages sans relief (on s’en tiendrait presque au « beau » et au « méchant »), la mise en scène est brillante et donne assurément de la valeur ajouté au film. Avec son petit air de déjà-vu et son « jusqu’au-boutisme » qui se révèle être en fait une limite, « J’ai rencontré le diable » ne peut prétendre à révolutionner le genre, il s’agit néanmoins d’un film de qualité.