Le 21 février 2007
Les Césars, entre démagogie et autocongratulation, récompensent-ils le meilleur du cinéma français ?
Les César débarquent sur nos écrans le 24 février sur Canal. Grand messe ultime du nombrilisme communautaire qui le temps de quelques heures va s’autocongratuler, cette cérémonie voit un certain cinéma français récompenser la tranche visible de la production nationale. Celle qui aura été couronnée par le succès critique et public. Neuf nominations par-ci, huit nominations par-là. On y récompense avant tout un succès global, plus que le meilleur de l’année. Ainsi Indigènes, l’un des favoris, loin d’être un chef-d’œuvre, est avant tout un film politique qui aura su attirer un consensus émotionnel autour de ses idées. Lady Chatterley malgré son budget ultra réduit a su briller sur la longueur dans son circuit art et essai. Passé inaperçu dans les salles, il n’aurait jamais pu prétendre à ses neuf nominations. Ne le dis à personne a su tenir l’affiche pendant quatre mois avec la bénédiction de la critique. Un vrai succès populaire qui marque de surcroît le renouveau d’un cinéma de genre auquel les jeunes spectateurs sont sensibles. Exception notable parmi les nominés : Cœurs et ses huit citations. Les spectateurs sont passés à côté, mais aux Césars on n’omet jamais de souligner le talent du maître Resnais (contrairement à celui d’un Rohmer qui lui a toujours été boudé par l’académisme césarien).
Alors que récompense-t-on vraiment lors de cette sacrée soirée ? Les réelles qualités des films ou le goût du public ? Le mélange des deux, très certainement. Un mélange qui ouvre la voix à un populisme démagogique un peu hypocrite (que faire des vrais bons films qui n’ont pas trouvé leur public ?), mais parfaitement calculé afin de ne pas s’aliéner un public qui pendant de longues années avait déserté les salles projetant des longs métrages nationaux. Symptôme post-traumatique. Aujourd’hui, alors que le cinéma hexagonal s’octroie pas moins de 50% des entrées cumulées pour l’année 2007, les professionnels ont plus que jamais envie de récompenser la fidélité du public, surtout si les œuvres plébiscitées se font l’écho d’un minimum de talent (exit donc Les bronzés 3 et Camping). Mais quitte à célébrer et à courtiser le public, les organisateurs ne pourraient-ils pas animer un peu plus l’événement, en lui injectant du dynamisme et de la vie, du talent et des rires. Que l’argent puisse se voir dans le spectacle et les décors plutôt que dans le décorum des tenues de soirées, que le rêve des téléspectateurs et le plaisir de se retrouver d’une profession, unie et forte, puissent se substituer à la ringardise pincée et soporifique de la manifestation qui s’écarte chaque année ouvertement de ses ambitions fraîches et festives.
Mais que la télévision, avec ses Césars et ses Oscars (qui ont lieu le lendemain), n’accapare pas toute votre attention cette semaine. Pas moins de quinze sorties vous attendent dans les salles avec quelques morceaux de bravoures. Pour vous aider dans vos choix voici nos cinq bonnes raisons hebdomadaires de vous scotcher à l’écran blanc du ciné le plus proche.
Raison numéro 1 : Bug ! Friedkin n’a jamais été un grand cinéaste, mais par moments s’est montré capable de fulgurances avec L’exorciste, French connection et maintenant Bug qui place la barre de la paranoïa et de l’oppression très haute. Frissons garantis.
Raison numéro 2 : Jewboy ! Un moyen métrage, cela peut valoir le détour. La preuve en est avec ces déambulations initiatrices d’un jeune Juif australien perdu dans un monde de désirs qu’il ne peut qu’observer. Frustrations sourdes et sujet fort dans cette œuvre incontournable signée par un jeune talent d’Australie à suivre.
Raison numéro 3 : Bosta l’autobus ! Pour rire et pleurer, ce petit road-movie musical qui célèbre la vie et l’espoir est là pour nous rappeler la fragilité de la paix au Moyen-Orient. Brûlant.
Raison numéro 4 : Lettres d’Iwo Jima ! Le diptyque de Clint Eastwood prend tout son sens dans cette vision japonaise de la Guerre du Pacifique, nettement supérieure à son pendant américain (Mémoires de nos pères).
Raison numéro 5 : Juste une fois ! ! Le romantisme exacerbé d’une héroïne de roman de gare entaché par un secret d’un goût des plus mauvais. Entre trash et minauderie, l’esprit indépendant du cinéma alternatif américain s’exprime, et c’est tant mieux !
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