Camping - Fabien Onteniente - critique

Critique : Franck Dubosc avait recyclé sur écran son personnage de mythomane hâbleur et séducteur, déjà bien éprouvé par quelques années de stand-up. Patrick Chirac était né, nanti de son Benco, sa fausse crédulité, ses blagues de beauf, ses slips et son homonymie avec un président de la République (rire). Le film n’étant là que pour faire briller le héros de cette odyssée franchouillarde, version coincée des Bronzés (la sexualité ne transite que par les mots), les autres comédiens sont réduits à quelques traits archétypaux : Demongeot et Brasseur font plutôt pitié dans le rôle d’un couple aussi obsessionnel que médiocre, s’accrochant à la place de leur mobil-home comme des anémones à leur rocher. Mathilde Seigner joue la vulgarité avec une aisance naturelle, mais son énergie ne la rend pas intéressante pour autant. Dans son rôle de mari pleutre et infidèle, Duléry tente une synthèse entre Feydeau et les espadrilles. Mais la greffe ne prend pas. Enfin, Gérard Lanvin semble aussi à son aise qu’un trotkiste perdu dans un congrès du MEDEF. Son personnage de médecin échoué dans ce microcosme n’est retenu que par les désirs de sa fille adolescente, qui souhaite s’amuser, ce qui suscite des conflits apathiques avec son père totalement dépité. Son intégration par la communauté œcuménique n’y change rien. Le docteur s’emmerde et nous avec.
Bref, on est en terrain connu, mais pas conquis, parce qu’il faudrait déjà que les gags ne se contentent pas de cartographier le quotidien d’un camping, de manière paresseuse. Une forme de folie absurde, inhérente à l’esprit du Splendid, rendait les deux premiers Bronzés particulièrement attractifs. Camping est un film qui paraît avoir précédé cet humour des années 70, avec un fond de traditionalisme bien loin des velléités libertaires de l’amour libre, tels que l’incarnent les protagonistes inventés par les joyeux drilles du café-théâtre. Dubosc a beau faire le malin, ses gaudrioles ont cent ans d’âge, ses effets comiques pèsent autant qu’une blague d’oncle rigolard, à la fin d’un banquet. Le succès de cet opus généra des suites attendues, que notre silence recouvrira d’un voile pudique.