Jewboy

Rupture de banc et entrée dans l’âge adulte. Eculé ? Pas pour Tony Krawitz

L’argument : Yuri pète un câble depuis qu’il est revenu d’Israël. Son quotidien s’effrite : son père, un rabbin respecté de Sidney, meurt et la pression grandissante pour qu’il reprenne cette charge le pousse à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte...

Notre avis :Jewboy a tout de l’exception culturelle. Après deux ans de purgatoire, ce moyen-métrage, format mal-aimé des distributeurs car bâtard, sort enfin sur les écrans. En cinquante-deux minutes chrono, Tony Krawitz saisit les dilemmes de Yuri, un jeune Juif australien, qui refuse d’évoluer dans la sphère orthodoxe de sa religion. Ouverture à un autre monde, révolte contre l’ordre établi et premiers pas vers la maturité, Jewboy brasse tous ces thèmes avec une ductilité assez rare. Promis au rabbinat, le jeune homme fait les quatre-cents coups autant pour marquer ses distances avec son milieu d’origine que faire le deuil d’un père à peine décédé.
Les rites de tahara, la purification du défunt, se mêlent aux pulsions de Yuri. La tradition hébraïque veut que les corps ne se touchent pas, même par une simple poignée de mains. C’est donc en spectateur qu’il assiste à l’érotisme du monde, allant de l’alanguissement d’une cliente sur la banquette arrière de son taxi à une strip-teaseuse de peep show. Tout se donne mais tout se dérobe : prisonnier de sa culture, Yuri refuse d’étreindre le corps des femmes. Même hors de son carcan social, il reste pétrifié par ce en quoi il a toujours cru.
Ode à la chair du monde, Jewboy est un film uniquement moyen par son format.