À la recherche du temps perdu
Le 15 juin 2014
Un certain classicisme à la française qui n’exclut pas une inventivité de tous les instants.
- Réalisateur : Pascale Ferran
- Acteurs : Hélène Fillières, Hippolyte Girardot, Bernard Verley, Marina Hands, Jean-Louis Coulloc’h, Hélène Alexandridis
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 2h38mn
- Date télé : 29 mai 2022 21:05
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 1er novembre 2006
Résumé : Dans le château des Chatterley, Constance coule des jours monotones, enfermée dans son mariage et son sens du devoir. Au printemps, au cœur de la forêt de Wragby, elle fait la connaissance de Parkin, le garde-chasse du domaine.
Critique : Dix ans après L’âge des possibles, Pascale Ferran revient à la réalisation avec ce film courageux, aussi déroutant qu’évident. On sait les dangers qui guettent ce type d’adaptations littéraires, constamment menacées d’effondrement sous les poids d’une imagerie poussiéreuse et désuète. Le miracle du film, c’est de parvenir à concilier une absolue fidélité au matériau d’origine et une recherche constante, mais discrète, d’une certaine modernité cinématographique.
Pourtant, à première vue, ce Lady Chatterley n’a vraiment rien d’impressionnant. On serait même tenté de le trouver ennuyeux. Ce serait là sous-estimer son charme insidieux. Porté par un magnifique duo d’acteurs, le récit privilégie une observation minutieuse du comportement amoureux et procède par d’infimes décalages, donnant aux personnages toute leur consistance. Il en est ainsi des (nombreuses) scènes d’amour qui, tout en parvenant à éviter la redite, fouillent le terrain de l’intime de manière inattendue. Que le film accorde une telle importance à la lenteur, à la répétition, n’a en ce sens rien d’étonnant. Lady Chatterley prends le temps de respirer, de caler son rythme sur celui de ses personnages et de la nature environnante (là aussi, filmée avec une limpidité surprenante). De nos jours, c’est un luxe rare, presque suicidaire. Un pari déroutant qui explique sans doute pourquoi la réussite du film ne se dévoile qu’à la toute fin. La beauté de Lady Chatterley, c’est de former un tout, cohérent et troublant, d’où n’émerge aucun artifice. Enregistrant la naissance du désir et sa maturation avec une patience infinie, Pascale Ferran livre un film aveuglant de clarté qui risque d’éblouir les spectateurs les plus courageux.
LE DVD
Les suppléments
Un excellent cru, de nature à satisfaire les (nombreux) fans de cette œuvre miraculeuse.
Le long métrage est précédé d’une préface de Jacques Mandelbaum, critique aux Cahiers du cinéma, qu’il nous semble préférable de visionner après le film. En effet, pour intéressante qu’elle soit, cette intervention se place déjà largement dans l’analyse de l’œuvre. On retrouve le journaliste dans le deuxième disque à l’occasion de commentaires de scènes en excellente compagnie. Ces derniers font intervenir nombre de personnes qui ont travaillé sur le film, de la réalisatrice Pascale Ferran au chef opérateur en passant par l’un des co-cénaristes, la compositrice, le machiniste, la monteuse... On ne peut que louer cette ouverture vers des professions capitales dans la réussite d’une œuvre, qui proposent une passionnante lecture à travers d’inhabituels prismes. Ces interventions sont précédées d’entretiens croisés entre Pascale Ferran et ses acteurs principaux, où sont détaillées leur approche du projet et leur manière de travailler. Ce programme copieux s’achève sur la présentation d’un making of qui préfère à l’anecdote privilégier avec bonheur le travail sous toutes ses formes (du tournage à la « formation » des acteurs sur la manière d’attraper un oisillon, par exemple).
Image et son
Malgré la présence d’un léger grain dans les scènes les plus obscures (qui sont rares), la présente édition rend correctement hommage au magnifique travail du chef opérateur Julien Hirsch, qui a su rendre le caractère radieux de la nature, actrice essentielle de l’œuvre. Quant à la bande-son, sa sensibilité est parfaitement restituée, que l’on choisisse le 2.0 ou le 5.1 qui est néanmoins plus pointilleux dans la restitution des bruits de la nature.
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Norman06 22 avril 2009
Lady Chatterley - Pascale Ferran - critique
Œuvre élégante et touchante dont la longueur n’est pas un handicap. Adaptation intelligente d’un roman célèbre. Interprétation sensible de Marina Hands.