Les voyages immobiles
Le 15 octobre 2014
Une démarche originale, de l’audace et un regard singulier. Pascale Ferran poursuit un chemin bien à elle dans ce conte intrigant.


- Réalisateur : Pascale Ferran
- Acteurs : Roschdy Zem, Anaïs Demoustier, Josh Charles
- Genre : Comédie dramatique, Fantastique
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Diaphana Édition Vidéo
- Durée : 2h7mn
- Date de sortie : 4 juin 2014

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– Date de sortie en DVD et Blu-ray : le 22 octobre 2014
Une deuxième chance pour un film profondément original, qui fait rêver et questionne.
L’argument :
En transit dans un hôtel international près de Roissy, un ingénieur en informatique américain, soumis à de très lourdes pressions professionnelles et affectives, décide de changer radicalement le cours de sa vie. Quelques heures plus tard, une jeune femme de chambre de l’hôtel, qui vit dans un entre-deux provisoire, voit son existence basculer à la suite d’un événement surnaturel.
Le film : Malgré sa sélection dans quatre festivals (mais sans récompense) et une critique favorable, Bird People n’a pas rencontré son public : moins de 150 000 entrées pour une pareille œuvre ne peut que décevoir. Ceux qui avaient plébiscité Lady Chatterley ont inexplicablement boudé ce film. Peut-être faut-il y voir une certaine frilosité tant le film s’éloigne des normes habituelles. C’est en effet un essai exigeant , un scénario peu commun qui verse dans le merveilleux. Pour autant, rien
d’un film expérimental et froid. Pascale Ferran nous plonge dans un quotidien que nous ne voyons plus : le RER, les passagers englués dans leurs histoires, le surgissement d’un oiseau. Elle fait un constat poétique sur notre propre déshumanisation pour mieux opposer le destin de deux êtres que tout sépare, mais qui, au fond se rejoignent dans les préoccupations communes. De grandes questions (qu’est-ce qu’être libre ? Heureux ? Comment se défaire de nos aliénations) sont posées sans rien de théorique ni grand discours. Au contraire, par différents moyens, dont la voix off, elle s’attache à la narration au plus près. Des scènes fortes, comme la rupture par Skype, alternent avec des moments creux chers à la cinéaste, qui sait comme peu trouver la bonne distance, regarder les gens avec respect et une infinie tendresse. Le regard joue d’ailleurs un rôle fondamental dans ce chassé-croisé parfois à la limite de la chorégraphie. Remarquons enfin que Pascale Ferran suggère à plusieurs reprises la richesse des histoires que vivent les figurants, les simples passants de son film.
Les suppléments :
A vrai dire, il n’y en a qu’un : un entretien d’une demi-heure avec la réalisatrice. Mais la richesse de ses propos justifie une lecture attentive : Pascale Ferran y raconte la genèse du film, parle de mise en scène et d’acteurs. Elle se fait exégète de son travail, se définit avec finesse (ni naturaliste ni réaliste). Bref, un regard lucide, acéré d’une artiste en pleine possession de ses moyens, mais qui nous fait aussi part de ses doutes et de ses questionnements.
L’image :
L’image se plie aux choix esthétiques de Pascale Ferran avec finesse : de la lumière crue et clinique au plan quasi-obscur, la lisibilité reste constante.
Le son :
Le travail sur le son de la réalisatrice, surtout dans la première partie, nécessite précision et adéquation. Les deux pistes proposées (2.0 et 5.1) mettent en relief avec brio cette recherche.