Chansons de Gainsbourg en bandes dessinée

Seize titres essentiels de Serge Gainsbourg illustrés par autant de dessinateurs. Périlleux ? Peut-être. Réussi ? Parfaitement.

Quand Gainsbourg s’essaie au scénario de BD, ça donne Black out [1], un huis clos entre un scénariste, sa femme et sa maîtresse durant une coupure d’électricité à Los Angeles. Autant dire que le chanteur s’en donne à cœur joie en matière d’écriture et de pirouettes littéraires. La lecture de cet album démontre d’ailleurs qu’en fait de scénario de BD, Gainsbourg avait plutôt en tête un film réunissant Birkin et Adjani [2]. Mais l’artiste touche-à-tout ne semble pas particulièrement exceller dans le genre...
Et pourtant... Pas besoin de scénar original, il fallait juste penser à découper les chansons ! Et, lorsque l’exercice est réussi, les textes passent parfaitement le cap de la mise en images. A la lecture de ces Chansons de Gainsbourg en bandes dessinées on prend conscience de la personnalisation et de l’appropriation personnelle des inoubliables refrains. Chacun possède son Gainsbourg, qu’il conserve bien au chaud. Seize chansons sont ici illustrées (que le choix a dû être cornélien !) par autant de dessinateurs. Seize chansons balayant toutes les périodes clés de Gainsbourg, du Poinçonneur des lilas à Relax baby be cool.
Si Olivier Petit s’est occupé de la scénarisation de l’ensemble des morceaux, chaque dessinateur apporte une touche très spécifique à chaque titre. Et l’on se dit que la poésie de Gainsbourg s’interprétera toujours de multiples manières. Petite préférence pour le dessin de Nicolas Doray sur Elisa et celui de Marc Pelé sur La chanson de Prévert, émotivement très fort. Mélange de styles et de pinceaux, de traits et de sensibilité. Au bout du compte, comme ces chansons, qui ont toutes à voir les unes avec les autres. Le pari s’avérait risqué, il est au final parfaitement remporté. Et quand on connaît le nombre de textes écrits par Gainsbourg, on se dit qu’il reste de la matière !