César 2018 : 13 nominations pour 120 battements par minutes et Au revoir, là-haut

Les nominations et votes de l’Académie des Arts et Techniques du cinéma ont souvent donné une image consensuelle du cinéma français, règle à laquelle n’échappe pas le cru 2018. Entre un cinéma d’auteur qui a trouvé son public (Barbara de Mathieu Amalric) et des films grand public cautionnés par la critique (Le Sens de la fête d’Eric Todelano et Olivier Nakache), les César tentent de cerner la diversité du cinéma hexagonal, écartant toutefois les propositions de cinéma les plus radicales (Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc de Bruno Dumont), ou les purs produits commerciaux ; pour honorer ces derniers, l’Académie a cependant innové cette année avec un « César du public » : non pas une récompense décernée par un vote des spectateurs, mais un trophée basé sur le seul critère du nombre d’entrées… Une conception démagogique de la notion de public, ce dernier étant assimilé à un simple tiroir-caisse. Pour contrebalancer le projet, n’aurait-il pas été judicieux de créer aussi un « César du meilleur film d’art et essai » ? Reste qu’on se réjouit du nombre de nominations de 120 battements par minute, le métrage de Campillo étant le favori logique pour le César du meilleur film, compte tenu de la force de son sujet, de la maîtrise de sa mise en scène et de son excellent accueil, depuis son triomphe à Cannes. Au revoir, là-haut, emblématique d’une certaine « qualité française » devrait cependant remporter quelques prix, et il y a fort à attendre de l’outsider Petit paysan de Hubert Charuel, qui récolte 7 nominations, dont celles du meilleur film, du meilleur acteur (Swann Arlaud) et du meilleur premier film. On regrettera que La Villa de Robert Guédiguian et Ava de Léa Mysius n’aient été cités chacun que dans une seule catégorie (meilleure actrice dans un second rôle). Et comment expliquer la non-nomination du poignant Sans adieu de Christophe Agou pour le meilleur documentaire ? Notons aussi que certains échecs commerciaux sont rédhibitoires : en atteste l’absence de Maryline de Guillaume Gallienne, pourtant triomphateur en 2014 avec Les Garçons et Guillaume… à table ! : même la radieuse Adeline d’Hermy n’est pas sélectionnée pour le meilleur espoir féminin. Comme chaque année, un César d’honneur sera remis à une personnalité du 7e art : si nous adorons Penélope Cruz, actrice lumineuse chez Almodovar et Allen, il est permis de juger une tel prix excessif, surtout lorsque des artistes français de la trempe de Michel Piccoli, Philippe Garrel ou Jacques Doillon n’ont jamais été distingués par l’Académie. La 43e cérémonie des César qui se tiendra le 2 mars salle Pleyel à Paris sera présidée par Vanessa Paradis qui rendra hommage à Jeanne Moreau, actrice disparue en 2017, tout comme Danielle Darrieux, Jean Rochefort, Mireille Darc, Claude Rich, Victor Lanoux et Alain Jessua.

Les nominations

Meilleur film : 120 Battements par minute, Au Revoir là-haut, Barbara, Le Brio, Patients, Petit Paysan, Le Sens de la fête

Meilleur acteur : Swann Arlaud (Petit Paysan), Daniel Auteuil (Le Brio), Jean-Pierre Bacri (Le Sens de la fête), Albert Dupontel (Au Revoir là-haut), Guillaume Canet (Rock’n’Roll), Louis Garrel (Le Redoutable), Reda Kateb (Django)

Meilleure actrice : Jeanne Balibar (Barbara), Juliette Binoche (Un beau soleil intérieur), Emmanuelle Devos (Numéro Un), Marina Foïs (L’Atelier), Charlotte Gainsbourg (La Promesse de l’Aube), Doria Tillier (Monsieur & Madame Adelman), Karine Viard (Jalouse)

Meilleure réalisation : 120 Battements par minute, Au Revoir là-haut, Barbara, Grave, Petit Paysan, Le Redoutable, Le Sens de la fête

Meilleur acteur dans un second rôle : Niels Arestrup (Au Revoir là-haut), Laurent Lafitte (Au Revoir là-haut), Gilles Lellouche (Le Sens de la fête), Vincent Macaigne (Le Sens de la fête), Antoine Reinartz (120 Battements par minute)

Meilleure actrice dans un second rôle : Laure Calamy (Ava), Anaïs Demoustier (La Villa), Sara Giraudeau (Petit Paysan), Adèle Haenel (120 Battements par minute), Mélanie Thierry (Au Revoir là-haut)

Meilleur film étranger : Le Caire Confidentiel, Dunkerque, L’Échange des princesses, Faute d’amour, La La Land, Noces, The Square

Meilleur premier film : Grave, Jeune femme, Monsieur & Madame Adelman, Patients, Petit Paysan

Meilleur espoir masculin : Benjamin Lavernhe (Le Sens de la fête), Finnegan Oldfield (Marvin ou la belle éducation), Pablo Pauly (Patients), Nauel Pérez Biscayart (120 battements par minute), Arnaud Valois (120 battements par minute)

Meilleur espoir féminin : Iris Bry (Les Gardiennes), Laetitita Dosch (Jeune Femme), Eye Haidara (Le Sens de la fête), Camélia Jordana (Le Brio), Garance Marillier (Grave)

Meilleur scénario original : 120 Battements par minute, Barbara, Grave, Petit Paysan, Le Sens de la fête

Meilleure adaptation : Au Revoir là-haut, Les Gardiennes, Patients, La Promesse de l’aube, Le Redoutable

Meilleur musique originale : 120 Battements par minute, Au Revoir là-haut, Grave, Petit Paysan, Visages Villages

Meilleur son : 120 Battements par minute, Au Revoir là-haut, Barbara, Grave, Le Sens de la fête

Meilleur film d’animation : Le Grand méchant renard et autres contes, Sahara, Zombillénium

Meilleur court-métrage d’animation : Le futur sera chauve, I want Pluto to be a planet again, Le jardin de minuit, Pépé le Morse

Meilleur film documentaire : 12 jours, A voix haute, la force de la parole, Carré 35, I am no your negro, Visages Villages

Meilleur film de court-métrage : Les Bigorneaux, Le Bleu blanc rouge de mes cheveux, Debout Kinshasa, Marlon, Les Misérables

Meilleur montage : 120 Battements par minute, Au Revoir là-haut, Barbara, Petit Paysan, Le Sens de la fête

Meilleure photographie : 120 Battements par minute, Au Revoir là-haut, Barbara, Les Gardiennes, Le Redoutable

Meilleurs décors : 120 Battements par minute, Au Revoir là-haut, Barbara, La Promesse de l’aube, Le Redoutable

Meilleurs costumes : 120 Battements par minutes, Au Revoir là-haut, Barbara, Les Gardiennes, La Promesse de l’aube