Le 12 février 2025

- Réalisateur : Frédéric Farrucci
- Acteur : Mara Taquin
- Distributeur : Ad Vitam
Rencontre avec Mara Taquin, actrice du Mohican de Frédéric Farrucci, en salles ce 12 février 2025.
Révélée dans La Petite de Guillaume Nicloux, où elle partageait l’affiche avec Fabrice Luchini, la jeune Mara Taquin entame une nouvelle étape de sa prometteuse carrière en jouant une activiste engagée dans Le Mohican de Frédéric Farrucci, en salles ce mercredi 12 février. La comédienne y fait preuve d’une interprétation à son image : forte, intense et solaire. Rencontre.
- Mara Taquin
- © 2024 - Koro Films - Atelier de production - Les Films Velvet - Novoprod
Quel regard portez-vous sur ce film ?
C’est une œuvre singulière dont je suis très fière et que j’aime beaucoup. Une sorte de film noir mais lumineux, qui emprunte aux codes du western et avec quelque chose de très humain, très réaliste. C’est beau de raconter de telles histoires à travers des non-héros.
Qu’est-ce-qui motive vos choix de rôles ? Le scénario ? Le personnage ?
L’un ne va pas sans l’autre. Pour aimer un projet de film, il faut évidemment que les personnages soient intéressants, et inversement. Je n’ai jamais accepté un rôle sans connaître l’histoire. Tout doit se lier. Ici, tout se rassemblait. Sans compter la rencontre avec Frédéric. C’était très agréable d’avoir l’impression que je n’avais pas à faire mes preuves en tant qu’actrice. Il m’a incluse dans son processus de travail, de réflexion, je sentais que ma voix comptait dans notre collaboration. Nous avons beaucoup parlé du personnage, je lui ai posé de nombreuses questions sur la Corse. Il m’a fait lire beaucoup de livres pour comprendre les enjeux propres à cette île. Je suis venue sur place trois semaines en amont du tournage afin de m’imprégner du lieu. C’était joyeux. Frédéric m’a autorisée à me plonger dans son monde. C’est ça être une actrice. Même si parfois des réalisateurs nous demandent d’être leurs marionnettes. Ce qui ne me pose pas de problème, mais cela me nourrit moins. Donc avec un cinéaste comme Frédéric, je suis comblée.
C’est ainsi que vous concevez la relation entre un cinéaste et son actrice ?
Ma conviction est que plus on donne les outils aux gens pour comprendre ce qu’ils font et mieux ils feront les choses. Évidemment, la direction d’acteurs peut engendrer de la manipulation prévenue si on accepte de se laisser aller à ça. C’est un travail de confiance. Je ne veux pas être la chose d’un metteur en scène. J’ai besoin d’une collaboration. Ma santé mentale s’en porte mieux.
Pour autant, êtes-vous prête à vous laisser aller à des indications de jeu qui pourraient vous paraître a priori surprenantes ou déroutantes ?
Je ne suis pas dans l’idée de contrôler tout ce que je fais, mais je ne veux pas tomber dans quelque chose de malsain et pervers. Il y a une différence entre se laisser aller et faire confiance à quelqu’un. Un tournage, c’est long. Donc il faut s’y sentir bien. Aujourd’hui, je ne supporterai plus qu’on m’utilise à mes dépens. Après tout, nous sommes des marionnettes certes, mais des marionnettes humaines… avec une vie, des émotions…
- Mara Taquin
- © 2024 - Koro Films - Atelier de production - Les Films Velvet - Novoprod
Vous sentez-vous comme une actrice plutôt technique ou instinctive ?
C’est paradoxal mais je me sens au milieu des deux, ni pleinement l’une, ni pleinement l’autre. Je n’ai pas fais d’études de jeu, j’ai donc besoin de me rassurer sur la technique et de prouver que je suis une bonne technicienne et que je comprends ce qui est en jeu. En même temps, je reste très instinctive car je n’ai pas les outils techniques pour chercher des choses au fond de moi. Hormis de faire confiance à mon instinct.
Vous avez eu la chance de tourner au côté de Fabrice Luchini dans La Petite de Guillaume Nicloux. Ce n’est pas trop intimidant de se retrouver face à un tel monstre sacré qui semble prendre une place si importante ?
Il prend de la place car il sait que c’est ce que l’on attend de lui en interview. Pourtant, il est incroyablement généreux sur un plateau, toujours à l’écoute, bienveillant, il donne autant, que la caméra soit sur lui ou non. C’est un beau cadeau. Il m’a laissé de la place dans le jeu pour servir le film. C’est un vrai partenaire.
Avez-vous un plan de carrière ou vous laissez-vous surprendre par les propositions de rôles et de films que vous recevez ?
Ne venant pas du milieu du cinéma, j’ai peur que certains choix puissent me porter préjudice. Il est donc important pour moi de réfléchir à ce que je fais. Pas seulement dans l’élaboration d’une carrière mais surtout avec le fait d’être bien alignée avec moi-même. Mon agente m’accompagne aussi, elle m’encourage à me consacrer à des projets où je peux être réticente mais je lui fais confiance. Il est nécessaire de trouver des rôles où je sens que je n’ai pas encore défendu quelque chose. Certes j’ai ma signature et que je porte mon cœur et ma voix, ce que je dégage est propre à moi, mais j’essaye pour autant de défendre des personnages différents et de me frotter à des films différents. J’adore me laisser surprendre. Je n’ai jamais projeté de travailler avec des cinéastes en particulier. Je n’ai rencontré que des gens géniaux avec lesquels j’ai travaillé sans penser à le faire. Je n’ai donc pas de plan de carrière précis, même si j’ai envie de jouer dans des films d’époque, des comédies et plein d’autres genres différents pour affûter ma besace à jeu.
Propos recueillis par Nicolas Colle