Le 17 septembre 2023
D’un sujet sociétal dans l’air du temps, Guillaume Nicloux tire un film prévisible et conventionnel, qui peine à dépasser l’esthétique télévisuelle.
- Réalisateur : Guillaume Nicloux
- Acteurs : Fabrice Luchini, Anne Consigny, Maud Wyler, Veerle Baetens, Sandrine Dumas, Aurélia Thiérrée, Mara Taquin
- Genre : Drame, Comédie dramatique, LGBTQIA+, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 1h33mn
- Date télé : 15 juin 2024 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 20 septembre 2023
- Festival : Festival d’Angoulême 2023
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Résumé : Joseph apprend que son fils et le compagnon de celui-ci viennent de périr dans un accident. Ils attendaient un enfant via une mère porteuse en Belgique. Que va devenir leur futur bébé ? Joseph en est-il le grand-père légitime ? Porté par la promesse de cette naissance qui va prolonger l’existence de son fils, le sexagénaire part à la rencontre de la jeune Flamande au caractère farouche et indomptable…
Critique : Guillaume Nicloux est l’auteur de plusieurs réussites du cinéma français. S’il ne nous avait guère convaincus avec La religieuse, inutile adaptation de Diderot après la version culte de Rivette, Valley of Love, aux accents lynchiens, révélait de réelles qualités. Et le réalisateur s’était surpassé avec Les confins du monde, qui relatait les errances d’un jeune militaire (Gaspard Ulliel) dans la jungle indochinoise. Coécrit avec Fanny Chesnel d’après le roman de cette dernière (Le berceau), La petite marque une rupture de ton et le passage à un nouveau genre pour le réalisateur. D’une part, Guillaume Nicloux s’engage dans la voie du sujet sociétal (ici l’adoption homoparentale et la GPA), optant en même temps pour une approche semi-documentaire, notamment dans les aspects juridiques et médicaux. Il s’inscrit ici dans la démarche de films français aussi divers que De son vivant, Je verrai toujours vos visages ou Les âmes sœurs. En même temps, Nicloux joue la carte du mélodrame, un genre qui a donné plusieurs titres de noblesse au septième art, de Sirk à Christophe Honoré. On peut toutefois trouver une cohérence avec Valley of Love et Les confins du monde, à travers le thème du deuil et des ravages qu’il provoque. Si la volonté du cinéaste d’élargir son audience tout en proposant un cinéma aux intentions progressistes est louable, force est de reconnaître que le récit souffre d’une platitude ambiante, et se révèle prévisible et conventionnel.
- Mara Taquin et Fabrice Luchini
- © 2023 Les Films du Kiosque / SND. Tous droits réservés.
Après la mort accidentelle de son fils et de l’époux de ce dernier, un artisan sexagénaire (Fabrice Luchini) se met en tête de retrouver la mère porteuse flamande à laquelle les deux hommes avaient eu affaire. Il se heurte à la réglementation belge, mais aussi aux réticences de sa fille (Maud Wyler), et des parents de son gendre, un couple catho tendance « manif pour tous », dont l’ouverture d’esprit n’est pas la plus grande qualité. Surtout, le protagoniste se retrouve face à l’hostilité de la future maman (Mara Taquin), brute de décoffrage et forcément méfiante, qu’il devra convaincre de ses bonnes intentions. L’opposition entre deux personnages trop différents pour s’accorder a été maintes fois traitée au grand écran, et l’on comprend que ces deux-là finiront par s’apprivoiser et s’entendre, surtout quand une petite fille de neuf ans tente de se trouver un grand-père de substitution. Sirop lacrymal (avec petites notes de piano), passages obligés (la dame supposée homophobe craquant devant un bébé qui pourrait être celui de son fils), linéarité pesante… La petite semble cousu de fil blanc et souffre d’une esthétique platement télévisuelle. Même Luchini ne suffit pas à satisfaire notre attente, tant l’acteur ne résiste pas aux sirènes du cabotinage dans un rôle à effets. On sauvera toutefois des seconds rôles attachants, telles Anne Consigny en bourgeoise secrètement amoureuse ou Sandrine Dumas en commissaire-priseur à visage humain. Mais le métrage déçoit globalement. Dans un registre plus ou moins proche, il est permis de lui préférer les récents A Good Man, Le sixième enfant et Le ravissement.
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