Le 25 juin 2022
Sur fond de désir universel d’enfant, Marie-Castille Mention-Schaar s’empare avec tact du sujet à haut risque de la transidentité et bien plus encore de la transparentalité.
- Réalisateur : Marie-Castille Mention-Schaar
- Acteurs : Alysson Paradis, Soko, Geneviève Mnich, Noémie Merlant, Vincent Dedienne, Anne Loiret , Gabriel Almaer
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 10 août 2024 20:56
- Chaîne : France 4
- Date de sortie : 10 novembre 2021
- Festival : Festival de Cannes 2020, Festival Plurielles Compiègne 2021, Festival d’un bord à l’autre d’Orléans 2021, Festival des images aux mots de Toulouse 2021
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Résumé : Aude et Benjamin s’aiment et vivent ensemble depuis 6 ans. Aude souffre de ne pas pouvoir avoir d’enfant alors Benjamin décide que c’est lui qui le portera.
Critique : Comme le souligne une psychologue présente dans le film, la maternité reste le symbole absolu de la féminité. À coup sûr, il faut une sacrée dose de courage ou d’inconscience pour remettre en question cette certitude ancestrale en décrivant le parcours d’une femme sur le point de devenir homme, enceinte de surcroît.
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La réalisatrice qui, en 2016, avec Le ciel attendra, démontait les rouages de l’embrigadement d’adolescentes françaises par les djihadistes, s’intéresse ici à celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans le système binaire homme/femme. Un sujet de société encore largement tabou et dont l’incroyable complexité ne manquera assurément pas de provoquer polémiques et grincements de dents. Un scénario intelligemment écrit (avec Christian Sonderegger, auteur du documentaire Coby, consacré à son demi-frère trans) et une interprétation épatante permettent de réussir ce pari osé qui, sans voyeurisme, se concentre non pas sur la transition mais sur les difficultés sociales et psychologiques auxquelles est confrontée une femme transgenre qui décide de porter un enfant sans renoncer à sa condition masculine.
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Dans ces paysages rudes de l’île de Groix dont la beauté sauvage renvoie à la souffrance de ceux qui, en décalage avec la société, doivent se reconnecter aux autres, Benjamin et Aude forment un couple comme un autre, simplement en quête de bonheur, en dehors de toute évocation d’orientation sexuelle. Un flashback revient sur leur rencontre il y déjà plusieurs années dans une boîte de nuit, à l’époque où Benjamin, mal dans une peau qui ne lui convenait pas, s’appelait Sarah. Aujourd’hui, il est infirmier. Elle donne des cours de danse. Ils ont quitté Aix-en-Provence dont ils sont originaires pour fuir quelques relations toxiques et cacher leur histoire singulière. Alors que Benjamin/Sarah prépare, à coups d’injections quotidiennes, son corps à cette modification sexuelle tant attendue, il obtient la reconnaissance légale de son identité masculine. Au même moment, la confirmation de la stérilité d’Aude et leur désir d’enfant incitent notre candidat au changement de sexe à renoncer, au moins provisoirement, à l’hystérectomie (ablation de l’utérus) programmée. Autant de circonstances qui bouleversent leur équilibre conjugal et met en péril leurs relations familiales et amicales.
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Posant un regard concis et bienveillant sur ce parcours atypique jalonné d’obstacles qu’il nous fait partager, le récit évite savamment les pièges de la caricature. Il remue, en revanche, moult questionnements insidieusement enfouis en chacun de nous autour de l’identité sexuelle et du rapport à notre propre corps, bousculant au passage bon nombre de nos préjugés que l’interprétation sidérante de Noémie Merlant fait allégrement voler en éclats. Actrice fétiche de la réalisatrice avec qui elle a déjà tourné trois films, elle n’en finit plus de dévoiler les multiples facettes d’un talent intarissable, accordant à son personnage d’authentiques instants de grâce parfaitement taillés pour créer une empathie spontanée. Moins présente mais tout aussi magistrale, Soko n’a aucun mal à faire d’Aude une compagne digne et attachante. Le tableau final se fait candide et tend à afficher le tableau d’une normalité apaisée. Pas sûr que la réalité soit aussi douce mais on ne peut que saluer cet engagement à vouloir éveiller les consciences sur une cause encore trouble qui mêle biologie, législation et choix personnels. Autant dire que le chemin vers l’acceptation de la transsexualité s’annonce long et périlleux.
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