Le 20 janvier 2021
Un sujet brûlant d’actualité subtilement décortiqué tout en préservant humanité et délicatesse.
- Réalisateur : Marie-Castille Mention-Schaar
- Acteurs : Sandrine Bonnaire, Clotilde Courau, Noémie Merlant, Naomi Amarger
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 20 janvier 2021 22:20
- Chaîne : OCS City
- Date de sortie : 5 octobre 2016
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Résumé : Sonia, dix-sept ans, a failli commettre l’irréparable pour « garantir » à sa mère une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l’école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d’un « prince » sur internet. Elles pourraient s’appeler Anaïs, Marion, Leïla ou Clara, et comme elles croiser un jour la route de l’embrigadement....Pourraient-elles en revenir ?
Critique : C’est toujours avec la même tendresse que Marie-Castille Mention-Schaar, réalisatrice en 2014 du superbe Les héritiers, braque ses caméras sur l’adolescence en perdition. A l’inverse des Cow-boys de François Bidegain entièrement tourné vers l’action, la réalisatrice privilégie une étude psychologique détaillée. Pour tenter de percer au plus profond les rouages du phénomène d’embrigadement qui touche un nombre croissant de jeunes, elle se lance dans un travail phénoménal d’enquête. Sur le tournage, elle se fait aider par une jeune femme partie en Syrie rejoindre Daech et qui en est revenue. Dounia Bouzar, créatrice du Centre de Prévention, de Déradicalisation et de Suivi Individuel (CDPSI) l’autorise même à la filmer dans des scènes d’une authenticité digne d’un documentaire, qui permettent au spectateur admiratif de mesurer l’énergie qu’elle déploie pour remettre des jeunes sur la voie de la raison ou réconforter des parents désespérés de n’avoir rien vu venir.
- copyright Guy Ferrandis
S’appuyant sur une narration forte et des situations justes, et tenant à dissiper une croyance trop largement répandue, la réalisatrice nous martèle qu’il n’est pas nécessaire d’être fragilisé ou d’habiter dans des quartiers abandonnés pour tomber dans les griffes des « rabatteurs » de Daech. De manière directe et brutale, le film nous plonge alors dans l’enfer de deux jeunes filles qui semblent ne manquer de rien mais qui, par quête d’absolu et d’idéal d’amour, sont devenues la proie facile de personnages peu scrupuleux. Comme on se désintoxique d’une drogue, la première entame le lent chemin de la guérison, tandis qu’à l’opposé, l’autre s’enfonce inexorablement vers l’intoxication définitive.
- copyright Guy Ferrandis
Sonia, dix-sept ans, vit au sein d’une famille sans histoires, entre sa petite sœur et ses parents qui ont le sentiment de tout faire pour le bonheur de leurs enfants. Une nuit, la police débarque chez eux. C’est lors de cette arrestation qu’ils apprennent sans parvenir à y croire vraiment que leur fille s’apprête à commettre un attentat. S’engage alors le long et douloureux combat de toute la famille (touchante Sandrine Bonnaire en mère compréhensive et désarmée face à un Zinedine Soualem parfaitement juste en père meurtri et inquiet) contre le désenvoûtement. Mélanie a sensiblement le même âge. Elle va au lycée, est bonne élève, joue du violoncelle et est engagée dans une association humanitaire. Elle vit seule avec sa mère (ses parents sont séparés mais son père est présent dans l’adversité) qui tient un petit salon de coiffure. Elles s’entendent bien jusqu’au jour où Mélanie se ferme sans que sa mère n’en comprenne les raisons (crise d’adolescence oblige pense t-elle). La mort de sa grand-mère, avec qui elle entretenait une réelle complicité, perturbe Mélanie. Sur Facebook, elle accepte alors l’invitation d’un garçon qu’elle ne connaît pas mais qui sait trouver les mots dont elle a justement besoin. Le piège se referme. Grâce à une mise en scène habile, on assiste, médusés et impuissants, à son avancée inexorable vers l’emprisonnement mental.
- copyright Guy Ferrandis
En parallèle, on suit le parcours de Sylvie, sa mère, partagée entre colère et désespoir de n’avoir à aucun moment soupçonné les prémices de la tragédie qui s’abat sur elle. L’intensité du jeu de Clotilde Courau, méconnaissable sous les traits de cette femme au visage marqué et aux yeux d’une tristesse infinie, permettra, sans aucun doute, à toutes les mères d’adhérer à sa détresse. Au milieu de ce casting féminin parfait, les regards se tournent irrésistiblement vers les 2deux jeunes actrices Noémie Merlant et Naomi Amarger. Déjà repérées dans Les héritiers, elles confirment leurs talents et se glissent avec une aisance bouleversante dans la peau de ces personnages tourmentés dont elles savent parfaitement nous restituer la sincérité.
Un film nécessaire à montrer au plus grand nombre non seulement pour son aspect pédagogique mais aussi pour la qualité de son interprétation et l’intérêt de son scénario.
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