Le 6 novembre 2022
Avec un travail pictural qui renvoie au cinéma des années 20, Albert Dupontel livre un brûlot anticapitaliste qui pourrait tout aussi bien avoir lieu de nos jours. L’effervescence d’après-guerre n’en reste pas moins le théâtre d’un mélodrame poignant et magistralement reconstitué.
- Réalisateur : Albert Dupontel
- Acteurs : Albert Dupontel, Émilie Dequenne, Niels Arestrup, André Marcon, Philippe Uchan, Michel Vuillermoz, Mélanie Thierry, Nahuel Pérez Biscayart, Laurent Lafitte
- Genre : Comédie dramatique, Historique
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 6 novembre 2022 21:10
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 25 octobre 2017
Résumé : Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des Années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire..
Critique : Même si ses précédents films faisaient toujours joliment leur effet, on pouvait commencer à craindre qu’Albert Dupontel ne commence à se répéter. Son adaptation du best-seller de Pierre Lemaitre vient heureusement nous prouver que l’ancien humoriste est capable de nous livrer autre chose que les comédies chargées en humour noir qui ont fait son succès. Basé sur une reconstitution des années 1918-20, son long-métrage ne s’éloigne pourtant pas entièrement de son sujet de prédilection qu’est la souffrance des marginaux. En effet, ses deux personnages principaux sont deux vétérans de la Grande Guerre inaptes à reprendre le cours de leur ancienne vie au sein de la société civile.
La première qualité de sa réalisation est assurément le soin apporté à la direction artistique pour recréer cette période historique effervescente. Qu’il s’agisse des uniformes portés par les poilus dans les tranchées ou des tenues élégantes de la bourgeoisie parisienne, chaque costume est une pure réussite. Il en est de même pour les décors, même si la mise en scène ne les met pas forcément en valeur. Sur un plan formel, la véritable prouesse est à chercher du côté pictural, en particulier le travail sur le grain et la colorimétrie qui donnent l’impression que les images, pourtant tournées en numérique, datent d’il y a un siècle.
- Copyright Gaumont Distribution
La mise en scène s’identifie par de longs et amples mouvements de caméra, permettant une certaine immersion au cœur de cette reconstitution. Celle-ci fait particulièrement son effet dans la partie du film se déroulant dans les tranchées. Certes court, ce segment en devient l’une des peintures les plus impressionnantes qu’il nous ait été récemment permis de voir de la Première Guerre mondiale. Le retour des deux personnages principaux à Paris s’accompagne cependant d’une réalisation plus apaisée. Cette peinture des « Années folles » paraît presque quelque peu académique, au moins par rapport à l’esprit « rock’n roll » que ce que nous avait vendu la bande-annonce qui, dans un montage frénétique, se concentrait sur une scène de fête que Dupontel filme à la façon de Terry Gilliam, son modèle assumé depuis ses débuts. La folie, l’hystérie et la décadence, de l’après-guerre se retrouvent sacrifiées à l’autel du pamphlet anticapitaliste, ce qui aurait en soi pu se situer à n’importe quelle autre période du XXe siècle.
En terme d’adaptation, Dupontel est resté relativement fidèle au roman de Lemaitre, édulcorant les aspects les plus rocambolesques pour se concentrer sur le drame humain vécu par les deux personnages principaux, interprétés par Nahuel Perez Biscayart et lui-même. Le premier n’est autre que la révélation du récent phénomène 120 battements par minute ; un doublé qui devrait lui permettre, sinon de décrocher un César fort mérité, de s’assurer une carrière florissante. Dupontel, en revanche, livre une prestation moins éblouissante car dans un rôle assez proche de ce qu’on a l’habitude de le voir jouer, celui d’un être fragile qui va devoir se faire violence pour exister.
- Copyright Gaumont Distribution
Comme à son habitude, l’une des forces du scénario de Dupontel est le soin apporté aux personnages secondaires, et l’excellent casting sollicité à l’occasion aide à hisser Au revoir là-haut au panthéon des films français les plus saisissants de la décennie. Parmi les acteurs qui permettent un tel rayonnement, Laurent Lafitte en figure maléfique, incarnation d’une classe dirigeante uniquement animée par le besoin viscéral d’humilier les faibles, prouve qu’il est décidément bien plus pertinent dans la peau de telles ordures que dans celle d’individus auxquelles il nous est demandé de nous identifier. Niels Arestrup est brillant dans la façon qu’il a de faire de son personnage, a priori lui aussi détestable, mais aussi le plus poignant de cette histoire. De leur côté, Philippe Uchan ainsi que, dans une moindre mesure, Michel Vuillermoz, apportent au film sa part d’humour, dans laquelle on retrouve l’esprit grinçant du réalisateur.
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L’une des meilleures surprises de ce casting vient du rôle octroyé à Emilie Dequenne, un personnage certes accessoire à l’intrigue centrale mais qui parvient à se libérer de son statut de potiche pour prouver, non sans cynisme, que la cruauté intéressée au sein de la bourgeoisie n’est pas affaire de sexe. La dénonciation sociétale brutale est donc tout aussi intemporelle que la poésie qui se dégage de ce récit à fleur de peau. L’ensemble forme un magnifique film que n’aurait pas désavoué Jean Renoir tant il fait appel à une façon de faire des films aux antipodes de ce que nous assène régulièrement le cinéma français, depuis trop longtemps adepte des codes de la télévision et de la publicité. Il semble que, vingt ans après l’électrochoc Bernie, Albert Dupontel ait compris qu’il fallait en passer par un certain classicisme pour secouer une industrie hexagonale quelque peu moribonde. Espérons que, malgré les imperfections de son long-métrage, le public lui donnera raison sur ce point.
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petocasque 24 octobre 2017
Au revoir là-haut - la critique du film
Film leché , tout est juste ! personnages, histoire, ambiance début du xx siècle et surtout quelle poésie. Y a comme un air de délicatessen, d’Emelie Poulin C est des films" comme on les aime" !!
PTITECHOUETTE 29 octobre 2017
Au revoir là-haut - la critique du film
Après avoir dévorer le livre, je sors du cinéma et n’ai pas été déçue : tout y est -l’essentiel-, tout est juste (ou presque) : la musique, les décors, l’esthétique, les plans, et surtout, les acteurs sont incroyablement parfaits dans leurs rôles. Chacun incarne si bien son personnage que l’on en oublie l’acteur. Merci Albert Dupontel pour ce chef d’oeuvre qui méritera, sans aucun doute, plusieurs césars ! J’explique maintenant le "ou presque", sans vouloir spolier le futur spectateur. Pour celles et ceux qui ont lu le livre avant, seul le personnage du père a changé... et c’est un peu dommage. Mais en même temps je peux comprendre que l’on ne pouvait pas TOUT mettre en deux heures, il aurait fallu faire deux films. Donc, pas de regret. Je recommande absolument !
francine 30 octobre 2017
Au revoir là-haut - la critique du film
film a ne pas manquer
le meilleur film de M. Dupontel
bonne interpetation bonne mise en scene
de la sensibilite et l humour meme dans les moments graves
que du bon
il y a longtemps que je n ai pas vu un film aussi complet
francine
birulune 16 novembre 2017
Au revoir là-haut - la critique du film
J’ai adoré ( 1er sentiment) puis j’ai pensé que je devrais l’aimer plus que ça ( 2ème sentiment).
C’est de Dupontel ???
Tout est tellement beau et de l’image au son en passant par les personnages ou de l’histoire on est comblé.
Où est le côté torturé de ses autres films ?
Il y a du génie et peut-être trop.
Comme en amour on est charmé par les qualités de la personne aimée mais ce sont ses défauts qui nous font l’aimer.