Le 17 mai 2021
Le septième long métrage de Dupontel réalisateur propose un dispositif décalé et insolite mais tourne vite en rond, faute d’un scénario solide. Les effets visuels et sonores criards finissent en outre par lasser.
- Réalisateur : Albert Dupontel
- Acteurs : Albert Dupontel, Jackie Berroyer, Philippe Uchan, Michel Vuillermoz, Nicolas Marié, Laurent Stocker, Bouli Lanners, Virginie Efira, Terry Gilliam, Bastien Ughetto
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h27mn
- Date télé : 11 septembre 2022 21:05
- Chaîne : France 2
- Reprise: 19 mai 2021
- Date de sortie : 21 octobre 2020
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Résumé : Lorsque Suze Trappet apprend à quarante-trois ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait quinze ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.
Critique : Coécrit avec Xavier Nemo, Adieu les cons permet de repérer plusieurs constantes du cinéma d’Albert Dupontel, dont c’est le septième long métrage en tant que réalisateur. À l’instar de Bernie, Sept mois fermes et même Au revoir là-haut, le thème de la filiation y est ouvertement abordé. On retrouve aussi ces personnages décalés qui, sans être totalement désaffiliés, ont du mal à trouver leur place dans une société guère tendre à leur égard. Au-delà de leur statut social distinct, la coiffeuse victime d’une maladie professionnelle (Virginie Efira), l’informaticien chevronné, mais miné par l’obsolescence pour sa hiérarchie (Dupontel himself), et l’ex-agent d’EDF (Nicolas Marié) devenu archiviste non voyant à la suite d’une méprise des forces de l’ordre, sont représentatifs d’une classe moyenne à la dérive. Leur sort est certes un peu plus enviable que les pieds nickelés filmés par Kervern et Delépine (on pense au récent trio formé par Podalydès, Gardin et Masiero dans le récent Effacer l’historique), lls n’en sont pas moins présentés comme des laissés-pour-compte du monde moderne. Adieu les cons, c’est aussi cet humour noir récurrent dans l’œuvre du cinéaste, et cette volonté, habituelle chez lui, de combiner naturalisme et tonalité irréelle, avec ici une débauche de mouvements de caméras, de gros plans et de surenchère sonore et musicale.
- Copyright Jérôme Prébois - ADCB Films
Les collaborateurs du cinéaste n’y sont pas allés de main morte, du montage publicitaire de Christophe Pinel à la musique ostensible de Christophe Julien, en passant par les effets spéciaux de Cédric Fayolle souhaitant poétiser des décors urbains. Si la prouesse technique est indéniable, force est d’admettre que la machinerie tourne à vide et que le dispositif finit par lasser, la sobriété n’étant pas le souci premier du cinéaste. Et le film a beau être dédié au regretté Terry Jones ou inviter Terry Gilliam sur le plateau de tournage, le métrage n’évoque ni la causticité des Monty Python, ni la cohérence esthétique de Brazil, auquel fait songer un scénario dénonçant les dérives bureaucratiques. En outre, le passage du burlesque au drame peine à convaincre. « L’idée du mélange des genres était en effet mon ambition intellectuelle de départ. Les films qui m’ont marqué véhiculent beaucoup ces deux sentiments », tient à préciser Dupontel dans le dossier de presse.
- Copyright Jérôme Prébois - ADCB Films
Le problème est que le récit déclenche rarement le rire (ni même le sourire), et que le passage à l’émotion est un pétard mouillé : il faut voir le personnage de Virginie Efira se transformer en une Amélie Poulain des années 2020 pour constater que Dupontel emprunte plutôt le sentier de la mièvrerie. Quant au traitement de sujets dans l’air du temps, comme les excès du tout-numérique ou les bavures policières, il ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes. Il est permis de préférer Au revoir là-haut, certes plus classique dans sa forme, mais qui ne cherchait pas l’esbroufe et était balisé par un matériau scénaristique de qualité. Reste les comédiens, bien dirigés jusqu’au moindre petit rôle, avec une mention pour les toujours réjouissants Jackie Berroyer, Philippe Uchan et Michel Vuillermoz.
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