Le 20 juillet 2024
Quand Albert Dupontel s’essaye à un genre moins tapageur que d’habitude, il en ressort une comédie politique et burlesque, bourrée de sensibilité et de poésie, au risque même de frôler l’invraisemblance.


- Réalisateur : Albert Dupontel
- Acteurs : Albert Dupontel, Cécile de France, Jackie Berroyer, Philippe Uchan, Nicolas Marié, Bouli Lanners, Philippe Duquesne, Uri Gavriel, Christiane Millet, David Marsais, Gilles Gaston-Dreyfus
- Genre : Comédie, Politique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h37mn
- Date télé : 12 février 2025 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 25 octobre 2023

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Résumé : Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mlle Pove est sollicitée pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. Le favori est Pierre-Henry Mercier, héritier d’une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu’elle a connu moins lisse, Mlle Pove se lance dans une enquête aussi étonnante que jubilatoire.
Critique : Le monde de la politique est loin d’être facile. Deux candidats de second tour s’opposent : l’un financé par les entreprises et les actionnaires, Pierre-Henry Mercier ; et l’autre d’extrême droite. Naturellement, toute ressemblance avec la réalité est une pure coïncidence. Sauf qu’au milieu de ce combat immense pour l’Élysée, il y a une journaliste, Mademoiselle Pove, reléguée aux affaires sportives. La jeune femme, par un heureux coup du hasard, est mandatée par son média, qui de surcroît défend le candidat Mercier, pour enquêter sur lui, et lui permettre naturellement d’accéder au Graal. Mais elle suspecte chez l’homme politique novice, un passé trouble qui a à voir avec des histoires saugrenues d’adoption, de Roumains exilés et de règlements de compte souterrains.
- Copyright Jérôme Prébois
Il y a dans le nouveau film d’Albert Dupontel, un véritable renouvellement de la forme et du récit. Certes, on reconnaît sa patte provocatrice et déjantée. Mais la mise en scène s’est assagie. Elle est épurée, centrant l’attention du spectateur sur les dialogues et flirtant habilement avec l’invraisemblance. L’histoire prend des risques, on est en permanence sur le fil et pourtant, miracle du cinéma, le scénario fonctionne. Il faut dire que Dupontel sait mieux que personne conduire ses comédiens. Après Sandrine Kiberlain et Virginie Efira, c’est au tour de Cécile de France de s’inviter dans la danse caustique et poétique d’Albert Dupontel. Elle interprète une journaliste futée et attachante n’hésitant pas à lever des hypothèses même les plus saugrenues et qui écoute ses intuitions. Accompagnée d’un vidéaste qui lit les paroles sur les lèvres, elle se révèle comme le chantre de la démocratie, le journaliste d’investigation assumant de constituer le meilleur des paravents contre le mensonge et la manipulation des foules.
- Copyright Jérôme Prébois
Il faudra que les spectateurs acceptent d’être surpris dans cette histoire aussi folle que merveilleuse. Dupontel filme le pire et le meilleur de la nature humaine. Il donne vie à des personnages ayant l’intelligence de changer, de revoir leur pensée, et à la mue d’un homme politique qui se rend compte à l’évidence qu’il est manipulé par les magnats de la finance et passe à côté de l’essentiel dans son projet politique : la préservation de la planète et le vœu d’un univers plus juste. Le réalisateur signe là son film le plus politique. Derrière ses personnages fantasques et ingénus, il raconte, à la manière de Voltaire, le précipice dans lequel notre monde contemporain échoue. C’est un film de l’urgence, de la mobilisation des consciences pour que demain soit encore propice à la réalisation de films et à la poésie.
Second tour est peut-être l’œuvre la plus originale de ce qu’Albert Dupontel. Il y a une maturité nouvelle dans cette fiction où le rire ne sert que de caution à un état du monde, empêtré entre le pire et le meilleur à venir.