Et on fait tourner les serviettes !
Le 3 mars 2024
Un mariage, avec tout ce qu’il comporte d’imprévus, devient le théâtre d’une réflexion sur les emplois précaires et sur la progressive mise à la retraite de salariés qui ont tout donné à leur entreprise. Champagne, certes, mais pas pour tout le monde...
- Réalisateurs : Éric Toledano - Olivier Nakache
- Acteurs : Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Antoine Chappey, Hélène Vincent, Suzanne Clément, Sam Karmann, Judith Chemla, Alban Ivanov, William Lebghil, Vincent Macaigne, Benjamin Lavernhe, Kévin Azaïs, Sébastien Pouderoux, Eye Haïdara, Pauline Clément
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 3 mars 2024 21:10
- Chaîne : France 2
- Box-office : 3 020 557 entrées France / 710 569 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 4 octobre 2017
- Festival : Festival de Cannes 2023
– Festival de Cannes 2023 : sélection officielle, Cannes Classics, Cinéma de la plage
Résumé : Max est traiteur depuis trente ans. Des fêtes il en a organisé des centaines, il est même un peu au bout du parcours. Aujourd’hui c’est un sublime mariage dans un château du XVIIème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d’habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, cuisiniers, plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l’orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie... Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d’émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu’à l’aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : le sens de la fête.
Critique : Souvenez-vous, c’était en 2011 : le film Intouchables, proposé par le duo de réalisateurs français formé par Olivier Nakache et Éric Toledano, venait balayer la morosité ambiante et apporter des couleurs au paysage cinématographique qui, en matière de réussites, comporte souvent davantage de drames que de comédies. Plus de dix-neuf millions d’entrées plus tard et des bureaux des pleurs qui ont fait salle comble, le public a bien du mal à citer une comédie qui a fait date et qui lui a permis, comme en 2011, de retrouver le sens de la fête.
C’était sans compter sur les réalisateurs de Nos jours heureux, Tellement proches, et évidemment du désormais classique avec François Cluzet, qui a permis à Omar Sy de remporter le César du meilleur acteur et de lancer sa carrière internationale.
C’est à la suite des terribles attentats qui ont endeuillé la France en 2015 que le duo de cinéastes a décidé de se lancer dans un nouveau projet et de proposer un film festif mais réaliste, à l’image de leur cinéma. Une œuvre énergique destinée à la détente des spectateurs sans pour autant oublier la réalité ; un cocktail de bienveillance, d’humour et d’ironie.
- Copyright Gaumont Distribution
S’il y a bien une chose que le succès de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? en 2014 a montré, c’est que les mariages inspirent toujours les cinéastes. Quel meilleur événement pour planter des caméras, tant les noces ressemblent à des pièces de théâtre, avec ses personnages (mariés, témoins, animateurs, invités…), ses costumes et le (jeu de) rôle que chacun doit tenir en cette journée si extraordinaire ? Tout le génie de ce nouveau long-métrage est là : s’intéresser aux coulisses, en suivant ces personnes pour qui une journée si spéciale pour les uns est une journée de travail ordinaire. Entre les imprévus et la pression que subissent forcément les serveurs, pendant que les invités s’amusent, tous les ingrédients sont réunis pour nourrir une comédie efficace dont le rythme ne se relâche jamais. Avec le talent visuel des auteurs de Samba, qui sont aussi d’excellents techniciens, les mouvements de caméra offrent une mise en scène dynamique qui s’insinue dans les coulisses, avec la brigade que Jean-Pierre Bacri tente de diriger au mieux jusqu’à la fête, à l’assemblée des naïfs convives qui ne se doutent pas un seul instant de l’effervescence qui règne en cuisine. Un décalage qui apporte des situations croustillantes et forcément truculentes.
- Copyright Gaumont Distribution
Les deux mondes parallèles au cœur du mariage sont explorés avec toute l’humanité d’auteurs qui ne jugent jamais les personnages auxquels le public peut s’identifier. Leur regard est d’une grande douceur. En mettant en lumière des personnes de l’ombre, ils touchent à la vérité de chacun, mais en la filtrant à grand renfort de musiques, de rires et de surprises. C’est ce cinéma de l’affect, qui touche et bouleverse avec tellement de naturel, et qui fait tout le sel du divertissement qui cache ses intentions réalistes derrière l’humour.
Le rire donc, la musique aussi, permettent à la caméra de monter en puissance et à la mise en scène d’aller en crescendo, jusqu’à l’apothéose. La musique, composée par Avishai Cohen, rythme chaque mouvement de la brigade. Le jazz, entre percussions, contrebasses et pianos, est la touche supplémentaire à la communion entre les coulisses et la fête, les serveurs et les mariés, le film et son public.
- Copyright Gaumont Distribution
Ce divertissement, servi sur un plateau par un casting quatre étoiles, s’appuie sur des acteurs au meilleur de leur forme, Bacri en particulier, mais aussi Gilles Lellouche, épatant en Patrick Sébastien ; ou Jean-Paul Rouve, très à l’aise, qui retrouve les deux réalisateurs qui l’avaient dirigé avec succès dans Nos jours heureux.
Il serait vraiment dommage de refuser d’entrer dans la noce. Si le film n’est pas aussi magique que l’indétrônable Intouchables, il apportera sans nul doute la dose de sourires qu’il manque à un paysage cinématographique bien avare en comédies réussies. Quand on nous offre enfin l’occasion de retrouver le sens de la fête, on ne peut que dire oui. Et, cerise sur la pièce montée, on ne le regrettera pas.
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toutpouretreheureux 4 octobre 2017
Le Sens de la fête - la critique du nouveau film des réalisateurs d’"Intouchables"
J’ai revu le film cette fois et connaissant le déroulement de l’histoire avec sa mécanique implacable sous un autre angle sans que mon enthousiasme ne retombe.
D’abord , il ne s’agit pas d’une comédie comme la Promotion tente de nous convaincre pour remplir les salles . En premier lieu , le film est trop éclaté , demande une grande attention , échappe à la caricature et donc perd en efficacité immédiate ( une certaine lenteur ou redondance va être reprochée au film : 2 heures c’est assez rare dans la norme qualibrée ) , En deuxième lieu , il s’agit d’un film Monde ( au-delà du film de Altmann Un Mariage : 1978 ) dans lequel sont ouvertes les portes et les fenêtres pour que l’air du temps 2017 s’engouffre . En troisième lieu , car j’y vois un conte yiddish ou un épisode de la Comédie Humaine de Balzac ou des Rougon Maquard ( Zola ) synthétisée en 2017 en une journée dans un même lieu car le comique ne nait que des méprises , des problèmes de communication , du choc des mondes et des cultures , des non-dits .
Ensuite , ce film permet à près de 20 personnages à exister avec une pâte humaine et une mauvaise foi extraordinaires : ceci est très rare . En plus, il n’a pas été question de passer par les facilités d’une œuvre chorale avec des saynètes, mais toutes les scènes sont reliées par un fil invisible qui rend cette préparation et la réalisation de la soirée du mariage si essentielle pour aboutir à une rencontre et partage d’humanité dans une scène à ne pas révéler avec une musique de fusion .
Enfin, mon attention s’est porté sur 3 personnages Julien( Vincent Macaigne) , Adèle et Nabil , car ils sont des personnages de 2017 et pas de 1997 c’est-à-dire de ce siècle .
En effet , Adèle , française d’origine africaine , accède à une fonction d’organisatrice suppléante , avec une brigade masculine , situation inimaginable il y a si peu de temps . Elle a dû pousser des coudes , a un sens du système D à l’africaine , allant jusqu’à faire venir un vrai bras cassé pour lui rendre service . Elle ne lâche rien vis-à-vis du chanteur , mais elle démontre une agressivité et une pugnacité rares , d’une telle intensité qui donnent lieu à des situations fortes en comique . A Bacri , elle lui donne du fil à retordre qui pourtant continue à voir en elle sa dauphine . Et puis , ces relations tendues laissent place à autre chose que nous serons heureux de découvrir .
Pour Julien ,neveu de Bacri , il en va de même : il s’agit d’un doux rêveur , quoique très diplômé , ne trouve plus sa place dans l’Education Nationale comme cela aurait été possible dans la génération post soixanthuitarde , il est exclu , un traîne patin qui est obligé de faire des extras : il n’est pas que lunaire comme Pierre Richard dans les années 70 . Il devient pathétique parce que ce type de personnage ne trouve plus de place dans notre univers mercantile où travailler en tant qu’enseignant à l’époque où l’école doit former des élèves destinés à être prêts à l’emploi pour Le Patronat ( dernière invective de Pierre Gattaz ).
Quant à Nabil , il représente le prototype du migrant , nouvellement arrivé , qui ne connaît pas les codes de la Société Française , mais dont on se sert comme bouc-émissaire , homme utilisé comme outil par Bacri : les situations sont cruelles comme dans une comédie italienne , mais en réalité sont affligeantes , mais donnent matière à rire par la répétition des situations el la bienveillance de Bacri.
Ce sont ces trois personnages qui donnent au film une modernité et d’autant plus qu’ils sont incarnés par des acteurs inconnus du grand public et ne sont pas relégués à des place des subalternes ou des invisibles, mais ils jouent à égalité avec les autres héros du Sens de La Fête.
Cette œuvre que j’ai nommé film monde est une symphonie de l’Ame Humaine en société écrite par des amoureux de la vie, truculents, optimistes, le sourire toujours au coin de l’œil, sans nier la dureté de la Condition Humaine avec ces ports de masques obligatoires, avec le dérisoire.
Ce rire déclenché sera intelligent , complice , réparateur , comme un rempart à la noirceur et l’absurdité de l’existence , à cette nécessité d’user de faux-semblants très minables soit par vanité , honte ou lâcheté juste pour pouvoir exister
Et heureusement , vient un quart d’heure dont je ne dirai rien, même sous la torture , où par l’effet de l’obscurité , de la musique , des visages nus , la Force de Vie ( Simrah) surgit cette évidence que tous deviennent un . Un état de grâce et de plénitude , et ,puis voilà, toute cette farandole , ces quiproquos , ces disputes , ces angoisses , cette ironie pour aboutir à cet instant d’un monde meilleur , uni , lumineux possible et sans préchi-précha.
Pourtant , chacun reprend sa route , son chemin , transformé ou pas , mais des étoiles près les yeux , nourri s de ces instants si nécessaires d’Union , ceci s’entend pour tous les personnages côté cour ou jardin du film , mais pour nos les spectateurs devenus acteurs ou complices de cette soirée de mariage .
Merci , les Toledano-Nakache , d’avoir donné de la noirceur , du burlesque , du social , du dérisoire , à cette comédie , qui donnent à nos éclats de rire , la musique de l’intelligence et la joie de l’humanité retrouvée !