Le 8 mai 2022
- Plus d'informations : CinÉduc 2022
- Festival : Festival de Cannes 2022
© Crédit photo Jean Gouny
Jean Gouny nous a présenté le dispositif CinÉduc et sa conception des rapports entre l’Éducation nationale et le cinéma.
- © Jean Gouny
AVoir-ALire : Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs les caractéristiques de CinÉduc ?
Jean Gouny : CinÉduc est une opération coorganisée par le rectorat de Nice et Cannes Cinéma. Il s’agit de proposer aux enseignant(e)s et personnels de l’Éducation nationale de toute la France, un « ciné-marathon » lors du dernier week-end du Festival de Cannes. Onze longs métrages et deux courts sont alors projetés à la salle Miramar du samedi matin au dimanche midi. Les films proviennent des différentes sélections du Festival (Sélection officielle en compétition et Un Certain Regard, la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique, ACID et Cannes Écrans Juniors).
Cette programmation est faite par une commission de sept personnes qui, en dehors de deux permanents, est renouvelée chaque année. Entre deux cents et trois cents personnes ont alors cette chance de visionner une vitrine du crû de l’année ; le public attribue à l’issue du week end le Coup de Cœur CinÉduc.
AVoir-ALire : En quoi consiste votre mission à CinÉduc ?
Jean Gouny : Ma mission à CinÉduc est multiple ! Il y a le côté opérationnel : gérer les inscriptions des enseignant(e)s en collaboration avec Cannes Cinéma dont je suis aussi administrateur. Choisir en lien avec la Direction Académique des Affaires Culturelles du Rectorat, les personnes qui constitueront la commission. Vient ensuite l’encadrement de cette équipe qui va, pendant dix jours du Festival, se répartir les films à voir – chaque commissionnaire voit plus de trente films. Il s’agira alors de faire un choix de programmation, un planning de projections, travail délicat car contenant beaucoup de contraintes logistiques, artistiques et… diplomatiques (avec les distributeurs) !
Enfin, il s’agit d’animer la manifestation elle-même et de dépouiller les votes pour le Coup de Cœur CinÉduc annoncé le dimanche midi.
AVoir-ALire : Quel a été votre parcours professionnel et comment avez-vous articulé vos activités d’enseignant et votre passion pour le cinéma ?
Jean Gouny : Les mathématiques, comme le cinéma, proposent une vision du monde à l’aide – pourrait-on dire – d’idéalités et d’images. Mais au-delà de ce rapprochement un peu poussé entre ces deux mondes, je me suis toujours intéressé aux images, fixes ou animées, et surtout à leur apprentissage de lecture auprès des élèves.
J’ai été formateur à la lecture de l’image pendant des années et mon établissement scolaire (Stanislas Cannes) fut précurseur dans l’initiation auprès des élèves à la lecture de l’image et au cinéma. Membre de l’association Cannes Cinéma à ses débuts, c’est naturellement que j’y fus programmateur. J’ai pu ensuite intégrer la commission CinÉcole au moment où, sous l’impulsion de Christine Juppé-Leblond, l’Éducation nationale proposa son Prix pour Cannes.
Cela fait ainsi une vingtaine d’années que j’ai la chance d’être chargé de mission pour l’opération CinÉcole qui s’est rebaptisée CinÉduc en 2019.
AVoir-ALire : Selon vous, quelles seraient les mesures souhaitables pour consolider les relations entre l’Éducation nationale et le septième art ?
Jean Gouny : Collège au Cinéma, Lycéens et Apprentis au Cinéma, École et Cinéma… autant de dispositifs officiels qui concourent à la formation des jeunes au monde du septième art. Ces dispositifs sont riches mais ne profitent évidemment pas à tous les élèves.
Par ailleurs, notre monde est abreuvé d’images, non seulement proposées aux jeunes publics mais aussi produites par eux ! Et pour autant, aucune vraie formation n’est imposée dans les programmes scolaires. Il y a de nombreux enseignants qui font le job très bien, au travers de leurs matières, mais je pense qu’il devrait y avoir des cours de lecture d’images obligatoires au collège et au lycée.
AVoir-ALire : Quel est votre ressenti, a priori, sur les films programmés cette année en sélection officielle et dans les sections parallèles ?
Jean Gouny : D’abord, c’est un tel plaisir de se préparer à une édition du Festival redevenue, on l’espère tous, normale.
La Sélection officielle accueille cette année des belles têtes d’affiche… Certains grincheux reprocheront que ce sont toujours les mêmes ! David Cronenberg, les frères Dardenne, Arnaud Desplechin, Claire Denis, Kore-eda, James Gray, Cristian Mungiu, Park Chan-wook, certain(e)s même qu’on n’avait pas vu(e)s depuis longtemps comme Skolimowski. En tous cas, sur le papier, si on ajoute Valeria Bruni Tedeschi ou Mario Martone et Ruben Östlund, on salive à l’avance !
Les sections parallèles ne sont pas en reste avec Léa Mysius, Philippe Faucon, Alice Winocour ou Mia Hanse-Løve à la Quinzaine des Réalisateurs. Bien entendu, comme la Semaine propose exclusivement des premiers ou seconds films, les grands noms sont moins présents… ce qui n’empêche pas les grands films ! C’est cette découverte qui fait aussi toute la richesse du Festival.
AVoir-ALire : De tous les films programmés cette année en sélection officielle et dans les sections parallèles, quel est celui que vous attendez avec impatience ? Pourquoi ?
Jean Gouny : En souvenir du choc que j’avais eu à la vision de La Sentinelle d’Arnaud Desplechin et malgré quelques déceptions qui ont suivi, j’ai un bel appétit pour Frère et sœur ! Dans un tout autre genre, j’ai hâte de découvrir ce que va nous proposer Park Chan-wook.
Mais je voudrais par-dessus tout être surpris par un film que je n’attends pas !
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