Le 23 septembre 2010
Quand l’actualité rattrape le cinéma...
Quand l’actualité rattrape le cinéma...
Quelle actualité cette semaine ! Honnêtement, elle est quand même plus exaltante pour un éditorial que les sorties cinémas du moment (aussi honnêtes soient-elles). On nage en plein thriller américain avec une menace d’attentat surexploitée dans les médias, comme à l’époque de Bush fiston qui ne savait plus quoi faire pour détourner l’attention des citoyens de la vérité de ses agissements au Moyen Orient. Est-ce une réalité dramatique qui nous pend au nez (c’est un Parisien qui écrit, j’aimerais bien savoir) ? Une manipulation excessive de l’Exécutif qui ne saurait plus quoi tenter pour faire oublier les affaires (après Bettencourt s’ajoute celle de Wildenstein) ? Tout Le Monde s’interroge !
Non, il y a de quoi avoir peur. Comme dans les séries B américaines des années 70 avec Bronson, les figures troublantes d’insécurité sembleraient être partout. Est-ce pour cela que l’on met massivement les Roms à la porte ? Sont-ils responsables de tous les maux des Français ? Trou de la sécu, abus d’allocations et agressions de nos grand-mères ? Personnellement, je ressens plus de tension en regardant un bon polar américain (The Town, au hasard) qu’en croisant l’un de ses malheureux, mendiant devant les Galeries Lafayette.
Le suspense demeure au niveau des manifestations contre la réforme des retraites. C’est digne d’un dimanche soir quand on attend crispé dans le noir les résultats des blockbusters américains. La guerre des chiffres est lancée. Flop ? Triomphe ? Des records dans la rue ? Comme chez les attachés de presse cinéma et autres distributeurs, on minimisera sûrement les chiffres au sommet. C’est normal. Tout est dans la réinterprétation. On nous dira que ceux qui ont continué le travail aujourd’hui, l’ont fait par choix car ils sont favorables aux réformes. Certainement, sûrement... Mais ceux qui avaient peur de perdre une journée de salaire dans une situation d’endettement général ? (l’Etat est criblé de dettes, mais on peut imaginer qu’avec les prouesses du revolving, nos concitoyens aussi ?). Face au travail, son absence ou sa pénibilité, la littérature (Zola, le premier) ou le cinéma nous a nourri au déterminisme tragique ! On commence à douter des affirmations entendues ici et là : "vous vivez plus longtemps ; sacrifiez-vous, tout ira mieux". Je croyais que c’était dans La Passion du Christ de Mel Gibson et les récits de pompiers made in Hollywood qu’il fallait se sacrifier. Est-ce que le sacrifice est le même pour celui qui naît la cuiller dorée dans la bouche et le petit gars des "ticés" qui se désintéresse du scolaire car de toute façon, apprendre dans ses conditions de vie quotidienne relève de l’exploit de science-fiction ? Effectivement on peut se préparer à une jolie retraite de voyages sur des croisières d’amour, façon comédie bourgeoise avec Diane Keaton. Mais les autres, ceux qui seront épuisés par la vie, le stress et la déprime ? Ceux qui débarquent d’un drame de Loach, de Bruno Dumont ou des frères Dardenne, que vont-ils devenir...
Paraît-il qu’en 2010, les Français n’ont jamais été aussi pessimistes (climats, emplois, pouvoir d’achat, actualité chaos étranger). Tout cela à cause du cinéma, évidemment, ils ont trop vu 2012 et L’incroyable vérité. Pire, le documentaire titanesque de Nicolas Hulot sur la société de consommation. On imagine la tête de ces mêmes Français dans quatre décennies. A mon avis, ce n’est pas les films catastrophes et ce satané cinéma politique (George Clooney et Sean Penn, quand même, quels salopards !) qui vont arrêter les suicides collectifs chez France Télécom. De toute façon, la retraite, la retraite. A 60, 62, 65 ou 67... on sera tous morts avant ! Tout le monde le dit, le lit. On ne parle plus que de cela actuellement : le plastique... Il va tous nous faire la peau et nous refiler le cancer ! Alors, les terroristes et la déprime au travail ...
On se demande bien dans ce désordre éditorial où se niche le cinéma cette semaine ? Bonne question. Du côté d’Hors la loi, un peu rattrapé par l’actualité, peut-être. Racisme et révisionnisme (deux bonnes valeurs du terroir) s’associent pour faire de la sortie du film une sorte de Kabbale nauséabonde contre l’Histoire française (traduire par l’oppression colonialiste reponsable de bien des maux contemporains). Ah, elle est bien belle l’Histoire de la France aujourd’hui avec son image ravagée à l’étranger. Tous les journaux ne parlent plus que de cela : les étrangers ne nous aiment plus. Moi, je m’en moque, je ne suis pas sorti de nos frontières depuis un mois (à l’époque, on était cool et populaires !), mais bon, je n’aimerais pas qu’on commence à boycotter notre cinéma ! C’est qu’on le veut notre Oscar du Meilleur Film Etranger. La Môme, Un prophète... Chaque année c’est la même chose, un truc inconnu même pas distribué aux USA nous dame le pion ! Alors là, pour une fois qu’on a une vraie chance de l’emporter avec Des hommes et des dieux, par pitié, ne nous gâchez pas tout !
Le tour de l’actualité de la semaine ne serait pas total sans l’overdose Carla Bruni.
La France "peopolisée" fait sa Une, y compris celle des magazines dits sérieux, avec un ouvrage sur la Première Dame de France. Tout le monde veut savoir qui est vraiment Carla Bruni. Femme de gauche, marionnette de droite ? A-t-on le droit à l’indifférence face au personnage ? Personnellement, je n’aime pas la mode, je n’ai jamais accroché à ses albums, car la nouvelle scène française m’endort. Mais je suis curieux de son apparition chez Woody Allen. Normal, ça c’est du cinéma. Du vrai.
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