Bye bye Maggie - La chronique BD

Résumé :

Maggie est une femme normale, plutôt ronde, plutôt malchanceuse dans sa vie amoureuse, avec quelques valises familiales, avec ses angoisses et ses bons moments... Mais autour d’elle, c’est un microcosme qui s’agite en fonction d’elle, sans qu’elle s’en rende compte. Bye Bye Maggie n’est pas une biographie, ce sont des morceaux de vies.

© Delcourt

Notre avis :

Après la série Locas, Jaime Hernandez passe au noir et blanc, à des personnages plus pâles mais toujours avec leur part d’ombre, dans Bye Bye Maggie. Loué dès la couverture par Beaux Arts Magazine, la BD se veut un roman graphique ambitieux et étincelant, mais, à l’image de son sujet, l’œuvre manque parfois de carburant. Car dans la vie, tout n’est pas rose, tout ne va pas à 100 à l’heure, certains moment paraissent creux quand certains ont une exaltation. Le fait est que les moments d’exaltation sont rares ici, et laissent la part belle aux périodes difficiles et troubles. La violence est bien présente, des actes, des paroles, sur les adultes et les enfants, d’une manière crûe qui laisse un peu pantois. Le manque de réponses ne devrait pas inciter à la complaisance, mais l’auteur a su instiller dans ses pages cette difficulté de la vie à ne pas tout expliquer, ou de manière lapidaire. On pense aux difficiles années du pauvre Calvin, abusé sexuellement dans son enfance, ou bien à l’aventure du père avec son employée, dont on ne saura rien, mais deux événements qui marquent de leur empreinte l’histoire compliquée de la vie de Maggie, cette adolescente un peu surdouée, un peu débrouillarde, cette adulte un peu ronde, un peu gauche, mais qui ne laisse personne indifférent.

© Delcourt

Les personnages secondaires ont chacun droit à leur chapitre, tantôt dans la continuité de la chronologie, tantôt avec un bond dans le passé, et donnent une véritable richesse à l’intrigue, même si là encore le lecteur peut se sentir frustré de ne pas tout connaître de leur histoire, ou même de leurs émotions. Graphiquement, ce style épuré aux aboords Pop, donne une impression agréable, tout en maîtrise et en finition. Les grimaces et les moues des personnages en vont même à rappeler celles des mangas par certains aspects caricaturaux. Le côté noir et blanc accentue cette atmosphère plongée dans le passé et les regrets. Car même dans le présent, les personnages ne semblent jamais prêts à franchir le pas, à avancer, à saisir leur chance, seulement à rester frustré, pleins de regrets et d’amertume. La destinée ne semble pas être une notion très chère à Hernandez, qui n’accorde que peu de dénouement ou d’amélioration dans la vie à ses personnages. C’est dans un état de stase, malgré le temps qui s’écoule, que chacun semble bloqué, avant que la fin (et la violence finalement) ne vienne heureusement apporter un épilogue à l’ensemble.

Parfaitement maîtrisé dans son aspect mais légèrement éparpillé dans son fond, Bye Bye Maggie est un livre d’une vérité crûe, celle de la vie quotidienne, normale, celle des familles disloquées par la malchance et des adultes qui en paient les conséquences. Une sorte de vrai roman graphique en fin de compte, celui d’une époque un peu terne, sans brillance mais avec toute la vraisemblance possible.

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