Box-office France : les phénomènes Le Grand Bain et Halloween changent la donne

L’analyse : Très belle semaine pour l’exploitation française. Le succès du Grand Bain de Gilles Lellouche est inespéré pour la production hexagonale qui manquait de souffle après l’excellent premier trimestre (Les Tuche 3, La Famille Ch’tis). En déboulant en première place avec 1.527.000 entrées, le triomphe est absolu. C’est le 5e meilleur démarrage de l’année, juste devant celui de Taxi 5, qui bénéficiait de 162 salles supplémentaires. Avec 2.394 spectateurs par écran, c’est la meilleure moyenne de la semaine. Les 5 millions d’entrées seront dépassés très vite, car le bouche-à-oreille semble être féroce ! © 2018 Studio Canal. Tous droits réservés.
Les autres nouveautés n’ont pas dépareillé. Halloween, suite du film de John Carpenter, a réussi une promo remarquable qui a transformé cet énième numéro de franchise à devenir un événement pour une nouvelle génération. Auparavant quand tous les opus de la saga suscitaient l’indifférence, en 2018, Michael Myers réunit une congrégation de 413.000 amateurs de film d’horreur en 7 jours, signe d’une mondialisation des spectacles et des goûts. Le film à budget réduit s’offre tout simplement la deuxième meilleure moyenne de la semaine, avec 1344 ados par salle. En comparaison, le premier et meilleur volet, La Nuit des Masques (1978) n’avait pas dépassé les 284.000 en fin de carrière. Le second volet s’était à peine hissé au-dessus des 202.000 entrées en 1982. Quand le numéro 3 tombait à 120.000 entrées. Les deux catastrophes de la série reviennent au 4 (46.850) et surtout au 5e volet (1.913) qui envoyèrent le 6e numéro au rayon des direct-to-vidéo. La vague des Scream a permis à la saga de revenir en forme avec l’épisode anniversaire 20 après, qui avait fait le plein (407.000). En revanche pour le numéro d’exploitation de télé-réalité, Résurrection, le score fut décevant (103.000) et le reboot de Rob Zombie fut un flop (83.000). A cette époque, Saw était devenu la référence du genre. Bref, Universal pourrait peut-être, avec cette production Jason Blum, cumuler plus d’entrées en fin de carrière que les 8 précédents numéros de la saga réunis. Tout dépendra des chiffres de cette deuxième semaine de vacances, marquée par le jour d’Halloween et une journée fériée. A suivre.

Photo : Universal

Troisième sortie d’envergure, Chair de poule 2 est un succès, avec 300.000 entrées dans seulement 339 salles. Et Jean-Christophe et Winnie fait le score attendu, à savoir 228.000 entrées dans 273 salles. Sa moyenne de 836 spectateurs est convenable au vu de l’insuccès relatif de la franchise des Winnie l’Ourson en France (Winnie et l’Efélant avait glané 519.000 spectateurs en 2005, avec un démarrage moindre, et Winnie l’Ourson, en 2011, avait à peine comblé 210.000 enfants grognons).
Dernière belle sortie de la semaine, le film polonais Cold War a profité d’une exposition exceptionnelle pour de l’art et essai, avec un parc de 153 salles, et une présence remarquée dans des multiplexes peu habitués à cette cinématographie. Ses 115.000 entrées sont encourageantes. © 2018 Diaphana Distribution. Tous droits réservés.
Le reste du box-office gonfle les pectoraux avec de belles hausses, notamment dans l’animation (Yéti & cie +69%, dépasse le million en 2e semaine ; Dilili à Paris, + 49%, enregistre un total de 373.000). Même le désormais plus gros succès de l’année 2018, Les Indestructibles 2, reprend du carburant, avec une hausse de 29% de sa fréquentation, dépassant les 15.500 entrées en 17e semaine.
Belle remontée pour Alad’2 qui avait donc encore quelques arguments supplémentaires, avec 438.000 entrées (+31%). La comédie franchit enfin les deux millions, ce que Venom réussira en 4e semaine ; en attendant, à l’issue de sa 3e semaine, le blockbuster américain, ne perdant que 17% de ses entrées, a encore vu large (421.000/1.871.000).
Le Jeu est un beau succès français (398.000, -7%, 827.000). A Star is born est increvable (275.000/+7%/1.169.000). C’est désormais un énorme succès personnel pour Lady Gaga dont la crédibilité en tant qu’actrice est établie.
Avec un fléchissement de 23% de ses entrées, First Man n’est pas une catastrophe, mais fait le minimum en 2e semaine (243.000/total de 562.000). Le million ne sera pas acquis.
Contrairement à Kev Adams, Omar Sy n’a pas profité des vacances, puisque Le Flic de Belleville perd 15% de son attractivité. Avec 460.000 entrées, la comédie est un accident industriel. Point barre.
The Predator et son hideux visuel s’écroule (-45%). Ses 105.000 entrées dans 385 salles sont anémiques. Le film n’a pas dépassé les 300.000 en 15 jours. Les tickets de Johnny English 3 ont fondu comme neige (-53% en 3e semaine). La comédie anglaise, sûrement datée, a eu du mal à dépasser les… 200.000 espions. Le Brexit a donc été proclamé.
Pour Lars von Trier, c’est la cata, The House that Jack built est démoli par le bouche-à-oreille (-45%). Désormais réduit à 13.000 curieux en 2e semaine, le film sûrement trop long, trop violent, envisage sa fin de carrière à 60.000 entrées, au mieux. Il en est pour l’instant à courir après les 40.000 tickets. Au moins a-t-il réussi à surmonter le flop de Manderlay qui, treize ans plus tôt, avait clôt sa carrière à ce niveau.
Piètre bouche-à-oreille pour Voyez comme on danse (-48% en 3e semaine, 56.000/391.000), largué dans cette concurrence de vacances. Il tombe au niveau de I feel good qui lui, bon gré mal gré, franchit les 500.000 tickets.
En 3e semaine, Girl perd 31% de sa fréquentation et s’est assuré un total satisfaisant de 263.000 spectateurs. Capharnaüm connaît le même sort, avec une seconde semaine convenable (85.000/193.000). Signalons le magnifique million de Première année de Thomas Lilti et les piètres 300.000 révolutionnaires d’Un Peuple et son roi, qui a engagé 11.000 frondeurs dans… 253 salles. Score de fin de vie, cela va sans dire.

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