Le 7 août 2017
- Voir le dossier : Rétro box-office
Nagui osait se croire star de cinéma, Ophélie Winter "bougeait" très mal et Speed 2 se noyait en haute mer. Retour sur l’été 97 caractérisé par les succès de Scream, Men in Black et Les Virtuoses.
L’été 1997 n’avait rien, mais alors, rien à avoir avec l’été 2017. Moins industriel, plus indépendant dans les sociétés de distribution, obsédé par le genre de l’action. Paris bénéficiait de beaucoup de nouveautés qui n’atteignaient que difficilement la province.
Le gagnant de la semaine du 16 juillet, Scream était largement en tête du box-office, pour sa première semaine et battait ainsi Batman et Robin qui rétrogradait en seconde place. Pour un slasher, le Wes Craven réalisait un score phénoménal et unique dans l’histoire du cinéma horrifique. Il allait finir sa carrière à 2 millions d’entrées, contre 1.369.000 entrées pour la baudruche de Joel Schumacher qui était le seul représentant du genre kitsch des films de super-héros. Epoque bénie où le premier film de ce genre omniprésent aujourd’hui peinait à ravir la 29e place annuelle.
Cet été 97, l’increvable Jean-Claude Van Damme, qui faisait son apparition chaque été depuis le début de la décennie, était chez Tsui Hark aux côtés de Mickey Rourke et Dennis Rodman, joueur de basket à la coupe de cheveux improbable. Avec 358.000 entrées en fin de carrière, cela sentait la fin pour le Belge.
La Vérité si je mens était increvable, toujours classée dans le top 5 en 12e semaine, la comédie finissait l’année à 4.899.000 entrées, volant les honneurs à Jurassic Park : le Monde Perdu de Spielberg à l’arrêt 6.000 entrées plus bas.
Besson était toujours présent en 11e semaine, avec Le 5e élément, qui était resté en pôle position pendant 6 semaines entre mai et juin. Avec 7.727.000 d’entrées, son space-opéra kitsch était le plus gros succès de l’année, un score que Valérian aura du mal à atteindre à en croire les critiques américaines.
Cette semaine-là, Mira Nair réchauffait l’été avec le troublant Kamasutra, une entrée timide en 6e place, et le film indien se rhabillait aux 100.000 spectateurs atteints.
En vrac, sorti timidement le 2 juillet, Ma 6-T va Cracker de Jean-François Richet avait déjà quitté le top 20, en cause une interdiction aux moins de 16 ans et la frilosité des exploitants à montrer un film aussi sensible et explosif. Présent dans quelques salles courageuses, le drame urbain a agité les consciences de 70.000 Français.
En vrac, les séries B comme Bouse de la Fête du cinéma disparaissaient des écrans, Anaconda avec Jennifer Lopez actrice (656.000), le nanar Bouge ! avec Ophélie Winter (367.000), et même Menteur Menteur (1.545.000) avec Jim Carrey faiblissaient cette semaine-là.
Les Deux Orphelines Vampires, hymne à la gloire des années Jean Rollin, hors de son époque, quittait déjà l’affiche, après un tour par le Brady (même pas 1.000 entrées).
Sergent Bilko avec Steve Martin et Dan Akroyd prouvait que les Français détestaient déjà l’esprit du Saturday Night Live. Une semaine, à l’affiche pas plus, pour cette production sortie notamment dans 11 cinémas sur Paris-périphérie, juste pour faire genre lors de son passage chez les vidéo-clubs. Avec 4.300 entrées, on le dégagea illico.
Le sleeper de l’été, Les Virtuoses, de Mark Herman, avec Ewan McGregor, poursuivait une superbe carrière, restant dans le top 20 parisien jusqu’à la fin de l’été. En démarrant sa carrière à moins de 40.000 Français, le film de Mark Herman, allait tenir plus de 27 semaines et achever son illustre carrière au-dessus des 400.000, grâce aux Parisiens. Ce modèle de comédie sociale britannique fera un malheur commercial en octobre avec The Full Monty, qui atteindra les 3.500.000 entrées ! La troupe de chômeurs Chippendales de Sheffield a une fois de plus démontré que la nudité, ça paie toujours plus.
A suivre les semaines à venir de cet été riche en série B et films d’action, Le Jour de la Bête de Alex de la Iglesia, Mad Dog, avec Jeff Goldblum, Speed 2 sans Keanu Reeves, mais toujours avec Sandra Bullock, Albino Alligator avec Matt Dillon (réalisé par Kevin Spacey !), Contre-attaque avec Jackie Chan, Mémoires suspectes avec Ray Liotta, Meurtre à la Maison-Blanche, avec Wesley Snipes, The Brave de et avec Johnny Depp, Un éléphant sur le bras avec Bill Murray, L’héritage de la haine avec Gene Hackman et Chris O’Donnell...
Oui, les blockbusters étaient peu nombreux en France en été. C’était avant l’harmonisation des dates de sortie à l’échelle mondiale qui allait se mettre en place au début des années 2000, en raison de la mondialisation et de la prolifération du piratage. Les Français découvraient les fonds de catalogue en ces temps estivaux, synonymes de vide dans les salles. Une exception notable, Men in Black, premier du nom, qui allait prendre la tête pendant 5 semaines dès le 6 août, et donc logiquement finir en 2e place française, lors du classement annuel avec 5.799.000. Vraiment, la France était généreuse et vraiment pas regardante à cette époque !
Pour ce qui est du cinéma français, la comédie nulle tentait le coup : le nanar de l’été, outre Bouge !, avait pour titre Une femme très très très amoureuse, au casting improbable, Nagui était en tête d’affiche, aux côtés de Thomas Langmann. Le film d’Ariel Zeitoun allait faire un score très très très minable, 47.000 entrées.
Les autres blockbusters de l’été 97 : Complots (Mel Gibson, Julia Roberts, vus la même année dans les succès de Rançon et Le Mariage de mon Meilleur Ami), Les Ailes de l’enfer avec Nicolas Cage et Malkovich (un sous Michael Bay qui pompait Rock), Volcano avec Tommy Lee Jones, qui exploitait la catastrophe volcanique auprès d’un million de spectateurs frileux. Le Pic de Dante avait déjà fait des siennes en avril, cet autre production catastrophe-ique avait toutefois généré 300.000 entrées de plus. Le Flic de San Francisco avec Eddie Murphy était la démonstration que sa star était d’une autre époque (627.000).
En ces temps de débris généralisés, les bons films d’auteur étaient rares : citons She’s so lovely de Nick Cassavetes avec Sean Penn et Robin Wright (527.000), Western de Manuel Poirier (un millionnaire français inattendu !), et La Rivière qui révélait l’esthète Tsai Ming Liang.
Tout petit succès pour Marquise de Vera Belmont, avec Sophie Marceau, Bernard Giraudeau, Lambert Wilson, Lhermitte et Timsit, avec seulement 489.000 amateurs de films de costume, quand Daniel Auteuil dépassera les deux millions avec Le Bossu, pendant les Fêtes de fin d’année.
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