Chaud, sale et humide
Le 12 novembre 2003
En passe de devenir une institution de la pop mainstream, Kylie courtise l’esprit de Prince pour un neuvième album aussi indispensable que Fever.
- Artiste : Minogue, Kylie
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Fait rare, Body language emballe sans le secours des pointures de la production du moment (Neptunes, Timbaland, etc.). Une belle aventure digitale qui ne vire pas au cauchemar de synthèse.
Depuis le début des nineties, Kylie a un peu tout essayé pour tourner la page des années Stock/Aitken/Waterman : la britpop avec les Manic Street Preachers, la ballade tragique avec Nick Cave, avant de revenir à des sonorités électroniques pour les albums Light years et surtout Fever. Son come-back parachevé, quels territoires soniques lui restait-il à explorer ? Trop jeune et pas assez décemment vêtue pour intégrer le Buena Vista Social Club, trop frêle vocalement pour espérer concurrencer Amy Lee d’Evanescence dans le genre néo-métal, l’Australienne s’en est sagement tenue à un album sous influence funk. Pas un pur album de R&B, comme le sussurait la rumeur : le seul morceau à satisfaire aux canons du genre, Red-blooded woman, décalque du Survivor des Destiny’s Child, ne pouvait que confirmer que Kylie n’a ni le coffre ni le charisme d’une Beyoncé.
La menue chanteuse s’avère bien plus à l’aise dans le style électro minimaliste du single Slow. Remercier pour cela le talent d’une fine équipe de collaborateurs qui compte aussi bien sa sœur Dannii que l’ex-espoir islandais Emiliana Torrini ou encore la légende old school Kurtis Mantronix (pas toujours à la hauteur du mythe).
Leur lucidité évite à Kylie les déconvenues rencontrées par Madonna ou Texas dans le même genre. Pas de faute de goût sur les évidents futurs singles que sont Still standing (d’un esprit tout à fait Chic) ou l’électro-funk Promises et ses synthés vintage à la Herbie Hancock. Quant à l’acide Sweet music et ses lignes de basse distordues, c’est déjà un classique de la Minogue. L’exploitation de son bien connu sex-appeal y atteint des sommets, comme sur l’érogène ballade Chocolate, où sa voix suave est samplée et démultipliée à outrance. Avec Prince à la place de Bambi Jackson comme figure tutélaire, Body Language n’est pas loin d’égaler le Justified de Justin Timberlake dans le télescopage années 80-années 2000.
Ceux qui ne sont pas vraiment pas convaincus peuvent écouter la huitième piste, Obsession, scorie très faiblarde et assez représentative de ce que la diva des antipodes faisait il y a une dizaine d’années. A une époque où on ne l’aurait pas imaginée en figure incontournable de l’électro-pop, aux côtés des Daft Punk et autres Basement Jaxx.
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