Acoustic clubbing
Le 30 avril 2003
Un léger tournant entre pop et électro dans une discographie d’ordinaire plus sinueuse.

- Artiste : Madonna

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A mi-chemin d’une pop plus conventionnelle que celle de Music, Madonna ne lâche pas pour autant son bagage électro. Un léger tournant dans une discographie d’ordinaire plus sinueuse.
A peu près aussi larguée sur le plan artistique que Michael Jackson au milieu des années 90, Madonna a remonté la pente en deux albums (Ray of Light puis Music) suffisamment riches en tubes pour rappeler l’âge d’or de Like A Prayer. Trois ans et une mini-polémique autour d’un clip soi-disant antimilitariste plus tard, la quadragénaire semble avoir abandonné la quête à tout prix du hit pour dancefloors.
Surenchérir sur la déflagration Music n’aurait d’ailleurs pas été une mince affaire. Au lieu de cela, le son concocté par Mirwais, déjà présent sur la moitié du prédécesseur d’American Life, a évolué vers un compromis pacifié entre pop acoustique et electronica, où les guitares folk se taillent la part belle. La surprise étant que, le songwriting de la Ciccone ayant nettement progressé, les ballades ont cessé d’être les parents pauvres de ses albums. Nothing Fails, X-Static Process ou Easy Ride comptent au contraire parmi les moments les plus poignants d’American Life, le dernier s’achevant dans un beau crescendo de cordes orchestrées par le légendaire Michel Colombier.
Revers de la médaille, l’étonnante sobriété de ce nouveau cycle de chansons introspectives souligne parfois cruellement leurs limites. Certains se sont déjà gaussés de la stupéfiante candeur de Hollywood, où la multimillionnaire chanteuse nous révèle que la célébrité n’est qu’un mirage. Ou, pire, du fameux passage rappé qui termine le morceau titre. Madonna cite Missy Elliott parmi ses influences du moment, mais son sens du flow nous ramène droit à la sinistre époque de Vanilla Ice.
Défaut moins accentué sur Mother and Father, titre particulièrement énergique et euphorisant pour qui ne comprend goutte à l’anglais, puisqu’il évoque le décès de la mère de la chanteuse alors enfant. Aucune culpabilité en revanche à exulter sur Nobody Knows Me, où le fameux Mirwais Beat ultra syncopé est accompagné par l’ancien bassiste de Taxi Girl de boucles acid house du plus bel effet.
Bien qu’entamant sa troisième décennie de carrière, Madonna est donc loin d’être entrée dans un troisième âge créatif. Malgré une passion commune pour le vocoder, difficile d’imaginer qu’elle puisse finir à la manière d’une Cher, poupée sans âme (et sans âge), prête à singer des bimbos de vingt ans pour assurer ses vieux jours.
Madonna - American Life (Warner)