Le 12 mai 2004
Le monologue d’une femme qui tente d’expulser la souffrance qui la ronge. Un cri bref, souvent poignant.
Le monologue d’une femme qui tente d’expulser la souffrance qui la ronge. Un cri bref, souvent poignant.
C’est l’histoire de Catherine, Catherine Crachat. Qui crache sa douleur tout au long de ce court roman, sans reprendre son souffle. Qui crie à la fenêtre, qui hurle, qu’on prend pour une folle mais qui ne l’est pas, et c’est ça qui la détruit. Elle se réfugie dans un hôtel, au bord de la mer. L’établissement est sur le point de fermer, C’est la fin de la saison. La plage se vide et Catherine Crachat est la seule à, encore, plonger son corps dans la mer. La seule à être là, sans homme pour l’accompagner, à faire peur aux autres avec sa solitude. Catherine Crachat frotte sa souffrance à celle des autres, les rares qui sont encore là, autour d’elle. Une serveuse, le patron, le corps d’un noyé qui vient hanter ses rêves. Peut-être parce que la réalité lui pèse, et qu’elle ne peut trouver le repos que dans les bras d’un homme rêvé, d’un mort dont le corps blanc repose sur la plage. Parfois, aussi, elle se laisse aller dans les draps d’un homme réel, puis reprend le long monologue, sans échappatoire.
Cette litanie à la première personne a la force d’un cri. Brève, sans écho, mais d’une violence parfois déchirante, elle dit le désespoir de ceux qui se sentent à côté de leur vie, qui voudraient, même pour quelques instants, échapper aux incessantes pensées noires. Ne pas grandir, ne pas faire de compromis, jamais. Blanche a la beauté de cet abandon, de cette fuite perpétuelle, d’une quête sans solution. On le lit d’un trait. Catherine Crachat crie à notre place, et sa douleur donne le frisson.
Arnaud Rykner, Blanche, Éd. du Rouergue, coll. "La Brune", 2004, 96 pages, 8 €
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