Le 1er octobre 2020
Tom Barbash nous entraîne au cœur de l’effervescence des années 1980, dans le milieu du showbiz et des paillettes, entre hippies et acteurs célèbres, ex-Beatle et déambulations dans les rues new-yorkaises.
- Collection : Terres d’Amérique
- Editeur : Albin Michel
- Genre : Roman
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Hélène Fournier
- Titre original : The Dakota Winters
- Date de sortie : 30 septembre 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
Résumé : Dans les années 1980, à New-York, se côtoient les plus grandes célébrités d’alors entre plateaux télévisés, matchs sportifs et rues pleines d’une douce effervescence. Sur la moquette moelleuse du Dakota Building, Anton Winter et les siens frayent avec les Lennon mais aussi avec Teddy et Joan Kennedy. Le père du narrateur, ancien présentateur vedette qui a disparu en coulisses suite à une dépression, appelle son fils au secours : Anton doit l’aider à revenir sur scène.
Critique : Le Golden Boy de ce Beautiful Boy, c’est Anton Winter, le fils du présentateur vedette des Américains, Buddy. Après avoir explosé à l’antenne, en direct, et claqué la porte, l’animateur a traversé de durs mois de dépression. Mais le retour de son fils dont il est si fier et sur lequel il s’appuie tant pourrait bien signer le come-back de cet interviewer phénomène, cynique et drôle. Sans trop savoir où se situe la frontière entre sa personnalité et celle de son géniteur, Anton se plie aux règles, épaule son père et tente de le remettre sur les rails. Il rit à ses nouveaux monologues, et le soutient corps et âme dans ses démarches parfois étonnantes. Il multiplie les contacts, tente d’effacer les malentendus passés tandis que Buddy prend soin de lui-même en déambulant dans les rues new-yorkaises, en buvant des verres et en assistant à des matchs de hockey et de tennis. Anton devient même un proche de John Lennon, partage avec lui atermoiements et interrogations existentielles, notamment au cours d’un voyage en voile mémorable.
À cette époque, New York est le paradis du showbiz, la ville bouillonne d’action – et le Dakota Building, immeuble phare du film Rosemary’s Baby mais aussi de l’industrie artistique, semble concentrer toute cette effervescence. L’ancien Beatle et Yoko Ono sont les voisins des Winter ; Joan et Teddy Kennedy sont des amis de la mère ; le père, derrière la caméra, discutera avec Katherine Hepburn et Paul Simon, Larry Holmes et Peter O’Toole. Les dîners auprès de têtes célèbres, les souvenirs du plateau du Buddy Winter Show imprègnent ces pages, également baignées de l’atmosphère si particulière des années 1980. Tom Barbash s’appuie sur des répliques de films devenus cultes, sur des paroles de chansons aujourd’hui inoubliables, sur des moments d’anthologie, borne sa fiction de repères historiques réels et entraîne le lecteur dans un vrai tourbillon visuel et musical – il « saupoudre de poussière de Beatles » (p.392) ce livre, lui confère une dimension flirtant parfois avec le mystique. Il immerge le lecteur dans toute une époque, lui fait oublier ces temps moroses pour l’emmener dans un ailleurs pas si lointain et pas si rose non plus. Les dialogues sont presque plus présents que les passages narratifs, ce qui permet au roman de basculer du côté d’une exaltation brumeuse de ces années révolues.
Tom Barbash - Beautiful Boy
Albin Michel
140mm x 205mm
416 pages
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Kirzy 9 février 2021
Beautiful Boy - Tom Barbash - critique du livre
Dès les premières pages, on comprend qu’Anton Winter, 23 ans, sera peut-être le narrateur mais pas le héros de sa vie, ni même le héros du roman. Il a cédé la première place à son père ( célèbre animateur de talk show qui se remet d’une dépression nerveuse après pétage de plomb en direct devant des millions de téléspectateurs ), à son célèbre immeuble ( sa famille vit dans le Dakota building, façade gothique et célébrités à gogo à l’intérieur ) ainsi qu’à son tout aussi célèbre voisin, John Lennon lui-même ( en retrait de la scène musicale pour profiter de son fils Sean ).
Tom Barbash capture parfaitement le parfum de fin d’une époque qui flotte sur New-York et les Etats-Unis. le roman s’étale d’août 1979 à décembre 1980 et c’est avec une mélancolie teintée de nostalgie douce-amère que nous conte Anton avec en toile de fond, en touches légères ( la campagne pour les primaires présidentielles avec l’échec de Ted Kennedy chez les démocrates, la victoire de l’ultra libéralisme avec Reagan, les émeutes raciales suite à l’acquittement de policiers blancs ayant abattu le vétéran marine afro-américain Arthur McDuffie, la mort de Lennon dont on sait qu’elle arrivera ).
Mais ce qui intéresse l’auteur, c’est la relation père-fils, c’est la construction d’Anton vers son identité propre en s’affranchissant d’un père encombrant par son égocentrisme. Belles thématiques. J’aurais aimé que mon petit coeur de lectrice batte pour ce roman plein de sensibilité ... mais cela n’a pas été le cas. J’ai traversé les pages en les trouvant très fades, m’ennuyant en compagnie de personnages très bavards. le portrait de la micro-société intello-huppée new-yorkaise m’a semblé très convenu. Peut-être qu’un lecteur américain pourra être plus sensible à ce name dropping intense, mais j’avoue n’avoir pas réussi à m’intéresser aux atermoiements de tous ces gens connus là-bas mais pas ici.
En fait, les seuls passages qui m’ont vraiment accrochés sont ceux mettant en scène John Lennon, que l’on découvre intelligent, espiègle et tellement humain malgré son statut lourd à porter de quasi divinité. Une scène a retenu mon attention : celle de la terrible tempête qu’a essuyé ( pour de vrai ) John Lennon et le narrateur ( pour de faux ) partis en croisière vers les Bermudes. Attaché à la chaise du capitaine, chantant à tue-tête, c’est l’ex-Beatles, sans expérience de navigation, qui a pris les commandes et sauvé l’équipage. Cette expérience, terrifiante et revigorante, a tellement stimulé Lennon que dans la foulée il a composé son ultime album Double fantasy : « Life is what happens to you while you’re busy making other plans » chanson Beautiful boys ). Une autre très belle idée est de faire de Lennon le catalyseur du changement qui s’opère en Anton pour reprendre en main sa vie, lui montrant qu’une relation entre un père et un fils peut-être belle et apaisée.