Bad Blood - La chronique BD

En choisissant un sujet aussi utilisé que les vampires, Tyler Crook et Jonathan Maberry ont voulu le traiter avec originalité. Le fait de choisir un héros atteint de leucémie, visiblement en stade terminal, est déjà en soi un pari osé. Rares sont les héros malades, inexistants sont ceux qui vont mourir dès le début de leur histoire. Ensuite, l’aspect des vampires diffère des modèles de type Twilight ou Entretien avec un vampire : dans Bad Blood, les vampires sont repoussants. De petites dents pointues, pas de prunelles, même si un prince n’a pas la même prestance qu’un simple soldat. Enfin, la faiblesse des vampires ne provient pas du soleil, de l’ail, mais bien des mauvaises habitudes des hommes de notre époque... Pourtant, l’originalité n’est pas forcément récompensée : les clans ne sont pas assez décrits, l’entraînement des chasseurs de vampires est un peu bâclé, l’enquête sur les milieux proches des vampires (mais surtout masochistes) est trop longue et répétitive. Les deux héros sont sympathiques mais le reste du casting manque de profondeur... Même le prince vampire gangrené parvient à devenir intéressant, malgré le fait que l’évolution des purulences de son cou soit les seules indications sur son caractère.

© Delcourt

Le style du comic est quelque peu en décalage avec l’ambiance qui veut se dégager. Pendant les deux tiers de l’histoire, les vampires sont raillés comme étant des icônes de la pop ou geek culture, voire des nouvelles religions et modes de vie... C’est un fait, remettre un peu du monstre dans le vampire est bienvenu dans un comic, mais il manque cependant une petite dose d’originalité pour en faire une œuvre à part entière. La série TV True Blood avait des vampires qui jouaient sur leur apparence, mais avait fait le pari de les intégrer à la société. Dans Bad Blood, ils ont réussi à la fois à infiltrer les plus hautes sphères des dirigeants et scientifiques du monde, mais vivent tous regroupés dans les égouts...

© Delcourt

Bad Blood a tenté d’insuffler un nouveau souffle aux histoires de vampire, mais malheureusement le pari est en partie raté. De l’aventure, de l’action, un peu d’auto-dérision sont bien présents mais une fin abrupte et des personnages pas parfaitement ciselés font que le lecteur doit se faire un peu de mauvais sang.