Awfully deep

Voilà un album parfait pour attaquer cette nouvelle année. A la croisée des chemins du hip-hop, du dub et de l’électro, le troisième album du sieur Rodney Hilton Smith tape fort, très fort. 14 titres et 50 minutes de plaisir. Roots Manuva est bien plus qu’un chanteur hip-hop au flow reconnaissable entre mille. C’est aussi un pur inventeur sonore, faisant preuve d’ingéniosité au détour de chaque break et surprenant l’auditeur à chaque mesure.

Orienté plus "dub" que ses deux précédentes livraisons, Awfully deep n’en reste pas moins un album baigné dans la plus pure des traditions du hip-hop. Et comme souvent dans les productions anglaises, on retrouve le petit plus "british". Cette habitude qu’ont nos amis d’outre-Manche de ne pas faire les choses comme tout le monde. Ils ont destructuré les rythmes binaires de la techno pour créer la jungle et la drum&bass, inventé la pop alors que l’Europe ne connaissait que le rockabilly ou encore fait des mélanges de chimiste pour découvrir le son du trip-hop. Roots Manuva, au même titre que Dizzee Rascal et The Streets, fait partie des géniteurs d’un nouveau hip-hop. Electronique et organique, mélodique et métissée, sa musique laisse une place importante à l’orchestration et aux arrangements et repousse sans cesse les limites des rythmiques. Le tout servi par des textes tranchants.

Mais tous les discours ne valent pas une bonne écoute. Alors courez (dès le 31 janvier) découvrir l’électro abstraite de Mind 2 motion, la brutalité de Babylon medecine, la perfection de The Falling et le flow caverneux du rappeur emblématique du label Big Dada.