Showtime

Car la scène Uk garage a vécu. Elle a certes servi de révélateur et de pourvoyeur de beats acérés, mais elle n’était qu’un passage obligé vers la réelle ambition de ces jeunes Anglais intrépides : trouver une forme de hip-hop made in England digne de représenter leur musique à l’échelle mondiale. Et après The Streets qui commence à être diffusés sur les ondes hip-hop de la planète (même les radios françaises les plus djeun’s s’y mettent), Dizzee Rascal pourrait enfin enfoncer le clou.

Showtime paraît en tout cas taillé pour ça. Plus musclé que Boy in da corner, bénéficiant d’un son qui n’a rien à envier au rap US, il met crânement en avant les qualités intrinsèques de Rascal et de toute une génération de rappeurs anglais (Roots Manuva, Wiley, The Streets...) : description ultra-réaliste d’un quotidien morose, humour, beats trempés dans l’électro et pointes mélodiques saillantes. Pour qui n’a pas encore entendu l’énorme single Stand up tall, prière de se tourner vers les remuants Learn, Hype talk ou Knock knock, dont le minimalisme et les teintes orientales ne sont pas sans rappeler les productions Timbaland. Encore plus forts, le frêle et drôle Dream (où Dizzee chante !) ou la chronique sociale Imagine, avec sa flûte et ses arrangements à la Moroder.

Débordant de singles potentiels, taillé pour un succès mérité, Showtime pourrait donc bien éclipser quelques temps durant les rappeurs US de seconde zone, avant de se mesurer aux NAS et autres De La Soul qui profilent le bout de leurs chaînes. En attendant, avantage England !