Artemisia - La chronique BD

Dans l’Italie de cette époque il ne fait pas bon être une femme. On vous épargne la ritournelle habituelle de l’épouse dont la seule perspective de vie est celle d’un sacerdoce consacré à son foyer …
Alors, si en plus on s’appelle Artemisia Gentileschi (née le 8 juillet 1593 à Rome) et que comme la fille de son père, le grand Orazio Gentileschi (disciple du Caravage), on a un talent fou pour la peinture … autant rendre ses pinceaux.

SAUF QUE devant le talent de sa petite, le père d’Artemisia ne rend pas son tablier (de peintre) et décide de la confier, tout juste âgée de 17 ans, au peintre Agostino Tassi afin qu’il lui enseigne l’art de la perspective … Mais celui-ci en aura une autre : abuser de la demoiselle. Violée, bafouée et malmenée, elle témoignera sous la contraire de son paternel à un procès contre son bourreau et gagnera - non sans séquelles - mais avec la rage de montrer au monde de quels pigments elle se chauffe !

Afin de ne pas déshonorer sa famille, un arrangement la verra finalement se marier avec un jeune peintre florentin gentillet …
Mais quand - avec l’appui de Buonarroti Le Jeune (neveu de Michel-Ange) - Artemisia est acceptée à l’Académie des Arts du dessin de Florence - alors le couple se met à battre de la toile.

Le succès de Gentileschi junior allant à l’encontre du comportement ordonné d’une femme de l’époque … au lieu de refuser son poste, Artemisia décide de quitter son mari. Elle se met à sillonner l’Italie afin d’y recueillir de nouvelles commandes et faire vivre ce qu’il lui reste de famille : sa fille et sa gouvernante.

On vous laisse la joie de découvrir la fin de l’histoire de ce magnifique ouvrage au teintes ocres, rouilles, vert mousse, bleu sombre, couleurs ténébreuses et patinées par le temps comme le sont les toiles d’Artemisia-la-grande, dont on n’entend finalement peu parler alors que l’on peut admirer son travail dans de nombreux musées à Rome, Naples ou encore en Allemagne.
Le vif et savoureux mélange des dessins de Tamia Baudouin et du scénario de Nathalie Ferlut ne vous laisseront pas de marbre face à l’œuvre de cette héroïne hors du commun qui choisit donc la résilience face à l’obscurantisme et qui œuvra artistiquement pour la reconnaissance de la peinture du sexe dit « faible »…