Dossier Woody Allen
Le 16 août 2007
Comme un rêve ouaté, empli de plans magiques.
- Réalisateur : Woody Allen
- Acteurs : Mia Farrow, William Hurt, Alec Baldwin, Joe Mantegna, Keye Luke
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : MGM/United Artists
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 6 février 1991
Résumé : Alice, mariée depuis quinze ans, mère de deux beaux enfants, épouse d’un homme brillant, riche et fidèle, a tout pour être heureuse et elle l’est. Mais un mal de dos persistant va bouleverser sa vie. Sur les conseils d’amis, elle consulte un chiropracteur de Chinatown qui lui prescrit des potions qui ont des effets inattendus. En effet, elle ose tout à coup briser sa vie convenable, court après les amants, écrit, part pour Calcutta, oeuvre aux côtés de mère Teresa, revient et devient enfin elle-même.
Critique : Pauvre Alice ! Enfin, pauvre, pas au sens propre. Sa carrière de femme au foyer d’un brillantissime homme d’affaires new-yorkais lui assure une vie remplie de dépenses nonchalantes dans des boutiques de luxe, de séances cancanières chez l’esthéticienne et de garden-parties sur des pelouses rasées de près. Pauvre au figuré, Woody Allen donnant avec ce film, tourné en 1990, sa version de "l’argent ne fait pas le bonheur". Une de plus sans doute, mais en aucun cas une de trop. Car si Alice ne se montre pas avare de clichés, il est encore plus généreux de légèreté et de fantaisie.
Pauvre Alice, donc. Cueillie fraîchement dans la pelouse de ses rêves d’enfants par un businessman beau et con à la fois (William Hurt), elle se réveille en pleine crise de la quarantaine, portant sur son petit dos courbé et fatigué (touchante et agaçante Mia Farrow) un mari qui la délaisse, et une sœur toute démocrate à la sauce Allen qui lui reproche son mode de vie et des amies qui ont élevé l’hypocrisie au rang de vertu cardinale. Et malgré ses enfants, Alice s’ennuie. Alors elle rêve. Elle rêve d’écrire, elle rêve de ce jazzman (Joe Montegna) rencontré en allant chercher ses enfants à l’école.
Mais rêver ne guérissant pas le mal de dos, elle se rend chez le docteur Yang, un mystérieux acupuncteur chinois, dont les herbes magiques vont faire entrer Alice au pays des merveilles. Elle y devient invisible, parle avec son premier amour décédé - un jazzman, déjà (Alec Baldwin) -, se défait de ses chaînes, s’embellit (mutine et délicieuse Mia Farrow), trompe son mari, découvre que lui la trompe aussi, divorce, part en Inde voir mère Teresa, revient à New York, fait du bénévolat et s’occupe de ses enfants, seule. Sans même une femme de ménage. Non ? Si.
Woody Allen a beau dire que, machine à écrire oblige, il choisit les prénoms de ses personnages en fonction de leur brièveté, son Alice n’en fait pas moins penser à celle de Lewis Carroll. Une parenté dont témoignent déjà le surnaturel du film, ainsi que l’intéressant jeu sur les reflets dans les nombreuses glaces qui jalonnent le parcours d’Alice et rappellent le titre de la suite du Pays des merveilles, De l’autre côté du miroir. Mais la merveille tient surtout ici dans la réalisation de Woody Allen, d’une fluidité incroyable, qui réussit à rendre naturels les plans empreints de magie tout en faisant baigner le film dans une ambiance de rêve ouaté. Tournant depuis huit ans pour son Woody de mari, Mia Farrow s’envole (plus tard, avec Tout le monde dit I love you, le réalisateur fera réellement voler Goldie Hawn) et brille, ombrageant ses hommes auxquels William Hurt, Alec Baldwin et Joe Mantegna en tête arrivent toutefois à donner du corps.
Un regret cependant, qui vaut pour tous les DVD de Woody Allen : il ne contient, pour seul bonus, que la bande-annonce du film. Volonté de l’artiste. "Pour moi, rien d’autre n’existe que le film, déclarait-il dans un entretien à Télérama. Tout ce qui vient en plus relève d’une autre forme artistique qui ne m’intéresse pas. [...] Je ne suis pas du tout intéressé par l’idée du "chapitrage" et de la possibilité de voir très facilement les scènes dans le désordre, comme des sketchs. Je n’aime pas l’idée qu’on puisse voir mon film autrement que comme je l’ai conçu."
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Norman06 16 juillet 2009
Alice - Woody Allen - critique
Une perle de Woody, qui combine avec bonheur fantaisie et fantastique, et l’un des derniers grands rôles de Mia Farrow.