Broadway Danny Rose - Woody Allen - critique

Critique : Avec déjà derrière lui une dizaine de films dont deux chefs-d’œuvre (Annie Hall et Manhattan), Woody Allen montrait en 1984 qu’il n’avait pas oublié ses origines : les planches new-yorkaises. Il réunissait alors une brochette de stars des cabarets et du music-hall autour d’un personnage de fiction qu’elles auraient pu rencontrer : Danny Rose, comique raté devenu imprésario. Histoire d’appuyer encore l’hommage, il ajoutait "Broadway" au titre de son film : Broadway Danny Rose était né. Et, triste à dire, il a vécu, ou presque.

Bien sûr, cela reste une bonne comédie. La cavale de Danny (Woody Allen) pourchassé par erreur par deux tueurs de la mafia est amusante. Les artistes réunis et ceux dont Danny s’occupe sont touchants. En blonde montée sur talons, Mia Farrow est méconnaissable et géniale. Le tout se laisse regarder en faisant sourire parfois, rire rarement mais aux larmes (l’hilarante scène où les mafiosi, bouffant de l’hélium, deviennent des Donald armés). Mais voilà : seul cas sans doute dans la riche filmographie de Woody Allen, Broadway Danny Rose a pris un coup de vieux.

La faute peut-être aux célébrités d’alors, qui ne nous disent plus rien aujourd’hui. Ou au noir et blanc, qui vieillit encore les souvenirs. Ou, pourquoi pas, à la bande-son, débordante d’une musique folklorique italienne qui a pris plus de rides que la Rhapsody in blue de Gershwin. À moins que le coupable ne soit tout simplement Woody Allen, qui, c’est vrai, l’a bien cherché : à force d’avoir accroché tant de films aux étoiles, il ne doit pas s’étonner si l’un d’eux tombe à terre.