Alexandre et Alestria

Un récit historique, d’amour et de conquête, passionné et truffé de clins d’œil érudits.

Alexandre et Alestria n’est pas à considérer comme un roman historique savant. Ses principales qualités résident dans la richesse du thème évoqué, mais bien d’avantage encore dans son mélange d’érudition et d’accessibilité .
Dans son dernier roman, où histoire et poésie font du reste excellent ménage, Shan Sa sculpte dans le marbre de l’Antiquité le destin mêlé d’êtres insatiables. Nous découvrons un Alexandre, certes schizophrène et mégalomaniaque, mais également sensible et sujet aux envolées lyriques. Le roman commence par sa naissance une nuit d’incendie puis son enfance narrée à la première personne. Ses propos alternent ensuite et tout au long du récit avec ceux de la suivante d’Alestria, reine des Amazones.
Progressivement, deux destinées hors du commun s’entrelacent comme jour et nuit dans une chronique guerrière amoureuse et contrastée. Contrastée parce qu’Alexandre et Alestria sont des enfants de la violence mais trouvent leur origine dans des univers dont les divergences sont accentuées d’un bout à l’autre du roman.
L’enchaînement des époques et des paysages gagne avec constance en variété. Un grand voyage donc ! De la Macédoine aux lointaines terres de Siberia, en passant bien sûr par l’Egypte et une Perse impériale, très intriguante, où Alexandre va poursuivre Darius, son légendaire rival.
Construire un récit original avec un thème consensuel ; éclipser la grandeur d’un empire derrière la folie d’une improbable union ; aborder avec intelligence des sujets comme la prostitution, l’homosexualité, l’esclavage et l’éducation d’un empereur ; voilà le genre de défi que relève Shan Sa, prix Goncourt du premier roman avec Porte de la paix céleste et prix Goncourt des lycéens avec La joueuse de go. Très cruel et très beau.