Belmondo et le mythe Godard
Le 13 septembre 2022
Jean Seberg en Américaine à Paris et Jean-Paul Belmondo en truand amoureux irradient ce premier film culte de Godard, manifeste de la Nouvelle Vague.
- Réalisateur : Jean-Luc Godard
- Acteurs : Jean-Paul Belmondo, Henri-Jacques Huet, Jean Seberg, Daniel Boulanger, Claude Mansard, Liliane Dreyfus
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : SNC (Société Nouvelle de Cinématographie)
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 1h29mn
- Date télé : 16 septembre 2022 21:00
- Chaîne : France 5
- Reprise: 19 mai 2021
- Box-office : 1 278 121 entrées France (1960) / 2.082.760 entrées France / 810.821 entrées Paris Périphérie
- Date de sortie : 16 mars 1960
- Plus d'informations : Histoire du Polar au cinéma
– Prix Jean Vigo 1960
– Festival de Berlin 1960 : Ours d’argent
– Syndicat Français de la Critique de Cinéma 1961 : Prix du meilleur film
Résumé : Michel Poiccard, jeune homme insolent, vole une voiture à Marseille pour se rendre à Paris. Mais en route, lors d’un contrôle, il tue un policier qui le poursuivait. Arrivé à Paris, il retrouve Patricia, une étudiante américaine avec laquelle il a une liaison amoureuse — on comprend qu’il la connaît depuis peu, et qu’il a passé quelques nuits avec elle avant de partir à Marseille. Elle veut étudier à la Sorbonne et, pour se faire un peu d’argent, elle vend le journal {Herald Tribune} sur les Champs-Élysées.
Critique : Écrit par son ami François Truffaut, librement inspiré d’un fait divers, ce premier long métrage de Jean-Luc Godard fit l’effet d’une bombe esthétique dans le cinéma français, après Les 400 coups et Hiroshima mon amour, sortis quelques mois plus tôt. Enfant terrible de la Nouvelle Vague, faussement potache et amateur, Godard invente un cinéma de liberté, brodant à partir d’un scénario tenant en dix lignes, fuyant le tournage en studio, et filmant les rues de la capitale et les routes de province, comme on ne les avait jamais filmées... Après un générique limité au titre du film (aucun nom d’artiste ou de technicien n’y apparaîtra, pas même Chabrol, conseiller technique), une première séquence déconcertante montre Michel Poicard sur le port de Marseille avant qu’il ne « fonce, Alphonse », s’élançant vers Paris et se lançant dans un savoureux monologue, sur une belle partition jazz de Martial Solal. Prises de vue superbes, dans un montage heurté mêlant travellings rapides et faux raccords. « Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville, allez vous faire foutre », déclare Poicard, s’adressant à la caméra. Godard n’est ni Jeanson ni Audiard, mais déploie par la bouche de son héros des répliques cultes, avec une propension récurrente à la misogynie : « Les femmes au volant, c’est la lâcheté personnifiée ». La suite du récit oscille entre un vague canevas policier, une ébauche de documentaire sur Paris, caméra à l’épaule, des séquences intimistes fascinantes et surtout de nombreuses digressions où Godard quitte le polar et la romance pour émailler le film de ses références : on y trouve essentiellement l’amour du cinéma américain, incarné d’abord par le choix de Jean Seberg, actrice révélée trois ans plus tôt par Otto Preminger.
Cheveux courts, regard lumineux, accent adorable, ne comprenant pas les mots familiers français, Patricia est l’incarnation de la fausse ingénue, étudiante libérée et femme fatale, qui finira par se comporter en « dégueulasse. C’est quoi, dégueulasse ? ». L’amour des séries B américaines, de Bogart ou de William Faulkner, est cité dans d’autres passages. Au détour d’une ruelle, d’une affiche ou d’un disque, apparaissent aussi les ombres de Mozart ou Picasso. On trouvera même, dans le rôle d’un romancier, Jean-Pierre Melville, cinq ans après Bob le flambeur. Cet hommage au précurseur de la Nouvelle Vague rappelle d’ailleurs que Godard n’a pas tout inventé. Et les Américains eux-mêmes auxquels il se réfère avaient déjà expérimenté ce style de mise en scène : on songe notamment au remarquable Le baiser du tueur de Stanley Kubrick. Toujours est-il qu’À bout de souffle n’a pas pris une ride et n’a pas démérité son statut de film culte, inaugurant la première période (la plus créative) de Godard, celle qui se poursuivra jusqu’à Pierrot le fou, en passant par Le mépris. Jean-Paul Belmondo, dont c’était le premier grand rôle, irradie l’écran par son charisme et son humour, créant un personnage et un jeu d’acteur inédits dans le cinéma, quelque part entre James Dean et Michel Simon...
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criss 23 septembre 2022
À bout de souffle - la critique
J’ai beaucoup aimé cette création libre du jeu entre une femme et un homme.Révolution dans le cinéma:pas de passé,pas de futur...Carpe Diem c’est Paris 1959......c’est Godard.