Pièce montée
Le 23 juillet 2010
Une sombre comédie, inspirée d’Anton Tchékhov, qui fait autant (sou)rire que provoquer un certain malaise.
- Réalisateur : Baltasar Kormakur
- Acteurs : Hilmir Snaer Gudnason, Margrét Vilhjálmsdóttir, Jóhann Sigurðarson, Ilmur Kristjánsdóttir
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Islandais
- Date de sortie : 21 juillet 2010
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– Durée : 1h36min
– Titre original : Brúðguminn
– Année de production : 2008
Une sombre comédie, inspirée d’Anton Tchékhov, qui fait autant (sou)rire que provoquer un certain malaise.
L’argument : Jon, professeur quadragénaire, va se marier pour la seconde fois. Thora, sa future épouse est une ancienne élève deux fois plus jeune que lui. Mais ce n’est pas tout rose... Il y a sa future belle-mère grincheuse qui s’oppose au mariage et lui demande le remboursement d’un prêt avant le jour J. Il y a aussi son projet de golf sur la petite île de Flatey qui ne prend pas forme.
Pour ne rien arranger, son témoin est complètement ivre et part en vrille. Et pour couronner le tout, son ex-femme, plutôt émotive, surveille en permanence chacun de ses gestes... Lorsque les invités arrivent en masse sur l’île, Jon commence à avoir sérieusement la trouille... Après une longue nuit de réflexion et de boisson, Jon sera-t-il à l’église à temps pour la cérémonie ?
Notre avis : « Notre vie... la vie humaine... est semblable à une fleur qui s’épanouit dans un champ : vient à passer un bouc, il la bouffe - finie la fleur », affirme non sans cynisme Borkine au début d’Ivanov. Cette pièce de Tchékhov, définie par celui-ci comme un drame, constitue la principale source d’inspiration du réalisateur Balthasar Kormakur. En effet, le héros de White night wedding est un quadragénaire, au seuil de son second mariage avec une jeune femme de vingt ans sa cadette, en proie à une totale remise en question existentielle. L’action se situe dans une région isolée de Finlande, où la communauté locale forme un véritable microcosme social : chaque fait et geste y sont scrutés et interprétés parfois de façon fallacieuse.
- © Tamasa Distribution
Tous les personnages sont dotés de caractères forts et charismatiques. Ils se révèlent attachants dans leur simplicité : ils sont communs, au sens propre du terme. Leurs névroses nous font rire car il n’est pas rare d’y retrouver celles de proches. Le cinéaste joue avec ces héros parfois pathétiques en accentuant leur singularité, sans jamais - heureusement - atteindre la caricature. Leur extravagance fait leur charme et compense allègrement l’absence de rebondissements et divertissements dont nous prive leur environnement.
- © Tamasa Distribution
Pourtant, si White Night Wedding tient de la comédie, nous y retrouvons aussi la gravité de Tchékhov : il n’est ici question que de solitude. Personne ne trouve en l’autre réconfort ou compréhension. L’immobilisme gagne chacun et le malaise du héros n’en n’est que l’expression la plus marquante. Autour de lui, la terre s’étire à l’infini ; l’horizon s’étend à perte de vue comme autant de possibles. Et pourtant, cette étendue indéfinissable illustre davantage les notions de perte, de fuite en avant, voire de vide. Le personnage principal semble souffrir d’un sentiment de culpabilité et de frustration, dû à son incapacité à vivre pleinement.
Si Balthasar Kormakur ne lui offre pas une destinée aussi tragique que son homologue russe, la résultante dramatique est toujours aussi prégnante. La légèreté de ton n’est que façade dans White night wedding qui ne propose, en définitive, qu’une vision sombre des rapports humains et de l’inéluctabilité de l’abandon. « Laissez-moi ! » ne sont-ils pas les derniers mots d’Ivanov...?
- © Tamasa Distribution
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