Mer morte
Le 26 mars 2003
Réunion de famille dans un village perdu d’Islande. Noir et désespéré.

- Réalisateur : Baltasar Kormákur
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Islandais

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– Durée : 1h40mn
– Titre original : Hafið
Une réunion dans un village perdu d’Islande. Avec les fjords désolés comme toile de fond, Balthazar Kormakur évoque la famille, cercle vicieux d’absence, de manque d’amour et de violence. Noir et désespéré.
Il semble que les réalisateurs du Nord n’en finissent pas de régler leurs comptes avec la famille, structure décomposée et douloureuse, où tout, en particulier le sexe, est triste et désespéré. Dès les premières images, la violence est là. Une violence physique, mais également verbale et psychologique. Sans doute parce que les personnages que l’on croise manquent cruellement d’amour. A commencer par le père, Thordur, tyrannique propriétaire d’une usine au fin fond de l’Islande, convaincu de ne pouvoir plus compter que sur lui-même. Persuadé d’être le sauveur de la communauté, grâce aux principes socialistes hérités de l’entreprise familiale, il terrorise ses enfants et sa seconde femme, victime soumise et consentante.
Le titre, The sea, la mer, parce qu’elle seule compte pour ce personnage plus pathétique que méchant. Il résiste à l’avancée technologique sur son bout de terre froid et enneigé que seuls les plus ambitieux quittent sans regret. C’est ce qu’a fait son fils, Agust (Hilmir Snaer Gudnason), désormais à Paris. C’est pourquoi celui-ci craint d’affronter son père, d’autant qu’il a accepté l’argent donné pour des études qu’il n’a pas poursuivies, préférant composer de la musique.
Comme toujours dans les drames psychologiques du Nord, c’est une réunion de famille qui sera l’occasion de révéler les secrets et les mensonges enfouis. Au beau milieu, spectatrice de cette histoire qui ne lui appartient que parce qu’elle aime le jeune fils, Françoise (Hélène de Fougerolles) apporte un peu d’amour dans ce monde dur et froid. Décalée mais aimante, elle sera le dernier secours lucide du jeune héritier. Ce film, qui rappelle le douloureux Festen, obéit, lui aussi, aux principes du "Dogme" quoique adouci par le format scope. De la même manière brutale, il explore les relations familiales lorsque la crise, frappant tous les acteurs, semble malgré tout douée d’une capacité rédemptrice. Un film noir, sans échappatoire.