Notre avis : Dans ce premier roman, Laure Arcelin met en scène un écrivain, Alexandre Maigine, créant ainsi un système de mises en abyme. Alexandre a lui-même écrit sur un auteur, un auteur qui lui emprunte certains travers, qui le caricature un peu. Cet Alexis est dangereux : un personnage qui a trop de profondeur finit par risquer d’éclipser son créateur, par prendre trop de place, par devenir étouffant. Alexandre n’a pas un caractère très attachant, il est taciturne, finit par devenir colérique, fume, boit, se noie dans son écriture, dans ce qu’on lui demande, dans son personnage. Il n’aime pas les mondanités, se force, est submergé par la vie sociale imposée par le Goncourt qu’il reçoit, et le lecteur se lasse rapidement de ses retraites en Dordogne ou de ses pérégrinations dans les rues parisiennes, de ses réactions devenant si semblables à celles de sa création.

L’histoire est somme toute assez convenue – même si la fin est à saluer, et le style, un peu ampoulé, ne convient pas vraiment à l’idée que l’on se fait d’un livre « feel-good », facile à lire. Il y a donc un certain décalage entre le scénario qui n’a rien de très original et la plume, tellement imagée qu’elle en devient lourde, pompeuse. Tout est surjoué, rien ne sonne très juste, à part sans doute les rouages du monde de l’édition, dépeints d’une manière peu glorieuse.
Ce livre se referme donc avec une sensation de déception et d’indifférence, déception que l’auteure n’ait pas su masquer les ficelles de son intrigue, et indifférence quant au destin des personnages (connu d’avance).