Le 21 janvier 2003
Quand frappe Eros, la douleur n’est jamais loin.
Deux ans après avoir reçu le prix de Flore, Nicolas Rey signe un troisième roman touchant où Henry s’initie aux méandres de l’amour et de la vie sous le regard sagement désabusé de son aîné. Un début prometteur, comme une véritable éducation sentimentale moderne...
Henry raconte son père, homme empli d’une lassitude incontournable. La vie est presque venue à bout de lui. Sa femme est partie il y a déjà si longtemps. Il n’attend plus rien, rien du tout. Il y a aussi Martin, le grand frère, celui qu’on idéalise du haut de ses seize ans, celui qui conseille, celui qui semble déjà avoir tant vécu, notamment à Paris où il était un noctambule notoire inévitable. Mais le départ de Jeanne l’a anéanti. Désemparé, il a regagné le domicile familial et passe son temps à boire, à fumer et à se lamenter sur cet amour perdu. Tous trois essaient de (sur)vivre.
Car même Henry, dans cette atmosphère lourde d’actes manqués et de ratage sentimental, a du mal à trouver ses marques. Lui aussi va connaître les joies et les bonheurs de l’amour, les petits tracas de la vie, et ce temps-ennemi qui fait bien souvent des adolescents des adultes avant l’âge. Les premières amours se succèdent, s’achevant aussi vite. Jusqu’à Mathilde... Un amour sans doute impossible et déraisonné, comme seuls peuvent l’être les amours d’adolescents.
Souvent, les éducations sentimentales sont réussies dans les livres et ratées dans la vie. Le troisième roman de Nicolas Rey s’approcherait de la vie. Une vie où une jeunesse encore idéaliste s’aperçoit qu’"être adulte est un dur métier". Pourtant, la vie d’adulte d’Henry vient à peine de commencer, début prometteur...
A seize ans, tous les rêves ont la même couleur. Celle de l’amour, évidemment. Mais souvent, quand frappe Eros, la douleur n’est jamais loin. Et d’un coup, l’existence prend une autre saveur. Le moment est donc grave. Il importe de choisir ses mots, de retenir sa verve, d’évoquer habilement, de faire sourire, de rendre romanesque le grotesque. Bref, un travail d’écrivain qui voudrait faire ressentir ce moment où les adolescents deviennent des adultes.
C’est la romance de la vie suspendue à l’instant où une boule amère noue le ventre des enfants qui comprennent qu’ils passent du côté des adultes. Celui des renoncements et des mots retenus, le côté dont on ne revient jamais.
Un livre aux tonalités graves et désenchantées mais toutefois délectable : c’est une madeleine composée d’une grosse cuiller d’humour, d’une pincée de cynisme et d’une pointe de mélancolie.
Nicolas Rey, Un début prometteur, Au Diable Vauvert, 2003, 196 pages, 15 €
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