Toni - La chronique BD

Toni, un garçon d’une dizaine d’années, est fasciné par une publicité ventant les mérites des Renato Flash, chaussures du célèbre footballeur Renato. Il n’a alors qu’un seul désir : en posséder une paire. Sa mère refusant de les lui acheter, il cherche par quel moyen les obtenir. La solution la plus simple est manifestement d’effectuer des petits boulots lui permettant de gagner un peu d’argent. Il commence par distribuer des flyers publicitaires pour un vendeur de voitures d’occasion, puis chante sur le marché de Noël avec son pote Théo, avant de promener un chien…

Philip Waechter / Rue de Sèvres

Toni appartient à ces œuvres, pas si fréquentes, qui mettent en joie sans pour autant céder à la facilité. Le jeune héros ne se laisse pas abattre, trouve toujours d’excellentes idées, mais celles-ci ne le conduisent jamais là où il pensait. Il en résulte un mélange de déception (le but visé n’est pas atteint) et de satisfaction (la situation a généré un moment surprenant et agréable), mais ce que vit et apprend Toni en vaut toujours la chandelle. Surtout, le cheminement qu’il emprunte - et, avec lui, l’histoire - nourrit et enrichit sa réflexion, comme celle du lecteur.

Philip Waechter / Rue de Sèvres

Philip Waechter raconte des choses pas forcément drôles par essence, mais qui le deviennent par le regard porté. Il sait ainsi trouver les situations adéquates et les décrire avec grande justesse, tant par les dialogues que par les dessins. Si ces derniers vont à l’essentiel et recourent à peu de traits, ils sont fréquemment riches en éléments qui en disent long sur les situations comme sur les personnages. À la manière d’un Sempé, l’auteur-illustrateur fait cohabiter causticité et tendresse, cette dernière l’emportant toujours.

Philip Waechter / Rue de Sèvres

Très bonne surprise, ce Toni n’est pas sans rappeler les films de Frank Capra, en particulier son merveilleux La vie est belle (It’s a Wonderful Life, 1946). C’est donc une œuvre intelligente, subtile et sensible.
Il est possible de regretter quelque peu la toute fin, mais en même temps, il est difficile d’en imaginer une autre.