The machinist - la critique du film

Mystère bien entretenu, angoisse distillée à petites doses : un thriller effrayant à souhait.

L’argument : Ouvrier dans une usine, Trevor Reznik ne dort plus depuis un an. Ses nuits blanches, il les passe entre la cafétéria de l’aéroport où il retrouve Marie, une jolie serveuse qui a le béguin pour lui, et l’appartement de Stevie, une prostituée. Depuis quelque temps, la vie de Trevor est de plus en plus inquiétante : surveillé par un étrange personnage, il retrouve des messages menaçants collés sur son frigo.

Notre avis : Les transformations physiques de certains acteurs désireux d’entrer totalement dans la peau d’un personnage restent mémorables (on se souvient de Robert De Niro dans Raging Bull ou plus récemment de Charlize Theron dans Monster), celle de Christian Bale dans The machinist est tout simplement hallucinante. Loin de son image de golden (play) boy sadique d’American psycho, Christian Bale a perdu vingt-huit kilos pour incarner Trevor (atteignant ainsi un poids de cinquante-huit kilos). Une métamorphose physique effrayante à l’image d’un film qui ne l’est pas moins.
Véritable héros kafkaïen, Trevor Reznik n’est plus que l’ombre de lui-même ("si tu étais plus mince tu n’existerais pas", lui fait remarquer Stevie). Tout comme le personnage de La métamorphose qui se réveille un matin changé en cancrelat, Trevor subit malgré lui une transformation physique monstrueuse. Insomniaque depuis un an, il ne sait cependant pas pourquoi il a perdu le sommeil. Que s’est-il passé de si grave ? Pourquoi son âme semble-t-elle torturée ainsi ? Qu’est-ce qui ronge littéralement Trevor de l’intérieur ?
Malgré des airs de déjà-vu (un mélange de Beautiful mind pour le côté schizophrène et de Memento pour la perte de mémoire), le scénario n’en reste pas moins plaisant : le mystère est bien entretenu et l’angoisse, à l’image des post-it effrayants que Trevor retrouve chez lui, est distillée par petites touches. The machinist est un film bien ficelé : de la performance de Christian Bale à la mise en scène en passant par la sublime photo de Xavier Giménez (le monde de Trevor semble avoir perdu toutes ses couleurs) et la musique, tout contribue à créer une atmosphère étouffante où le malaise est palpable. On peut bien sûr comparer l’ambiance du film à celles de Hitchcock, Lynch ou encore Polanski (inspirations par ailleurs revendiquée par le réalisateur), Brad Anderson parvient cependant à créer un univers tout à fait singulier. Ce Machinist vaut vraiment qu’on s’y attarde.