Noir c’est noir
Le 2 janvier 2007
Le parcours douloureux d’une tueuse en série dans l’Amérique profonde. Un petit film illuminé par le duo Charlize Theron et Christina Ricci.
- Réalisateur : Patty Jenkins
- Acteurs : Charlize Theron, Christina Ricci, Bruce Dern
- Genre : Drame
- Editeur vidéo : Seven sept
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– Durée : 1h51mn
– Le DVD
Le parcours douloureux d’une tueuse en série dans l’Amérique profonde. Un petit film illuminé par le duo Charlize Theron et Christina Ricci.
L’argument : Aileen musarde de ville en ville en se prostituant. Un soir, elle croise le regard de Selby, jeune demoiselle qui se cherche sexuellement. Les deux filles deviennent amantes. Une nuit, Aileen se fait agresser et tue un de ses clients. Ce sera le premier d’une longue liste...
Notre avis : Dans le registre de la noirceur, Monster marque une étape : ça commence mal, ça continue mal et ça finit très mal. Cette histoire de prostituée qui devient tueuse en série est d’autant plus inquiétante qu’elle est véridique (la vraie Aileen a été exécutée en 2002). Surtout, elle renverse les clichés et autres codes du serial-killer au cinéma (c’est usuellement un homme qui assassine des femmes et non l’inverse - revoir Henry, portrait of a serial killer, Maniac et Schizophrenia, par exemple).
De manière inconsciente, le résultat à l’écran fait singulièrement penser à un film comme Boys don’t cry avec lequel Monster entretient d’évidents parallèles (homosexualité féminine traitée du point de vue des rednecks, meurtre, performance d’actrice oscarisée...). Pourtant, le sujet est autre (et l’intérêt, ailleurs) : Monster regarde dans le blanc des yeux d’une tueuse en série au parcours douloureux et plonge dans les arcanes de l’Amérique profonde avec son cortège de personnages rustauds et anesthésiés du cerveau.
Comme toute première œuvre, Monster n’est pas exempt de sérieuses faiblesses : tension plombée par une seconde partie convenue, complaisance souterraine, fâcheuse tendance au racolage, effets triviaux... Mais, au milieu de ce chaos incertain où le pire côtoie toujours le pire, il y a Charlize Theron qui illumine l’écran. Un peu à la manière d’Eric Bana qui cassait définitivement son image de gentil comique pour camper le rôle physique et ingrat d’un tueur en série en quête de célébrité (Chopper), l’actrice rompt avec ses précédents rôles où elle n’avait qu’une fonction accessoire sur l’intrigue. Ici, elle est au centre des regards et incarne un personnage pas sexy, tourmenté, disgracié et inquiétant. Son interprétation trouble, sa transformation physique impressionne, autant que son aisance déconcertante à rendre humain son personnage de monstre.
Si cette métamorphose masque les carences du scénario, elle n’écrase pas les autres interprètes. La preuve : les meilleurs moments du film ne sont pas dus à Charlize Theron mais à Charlize Theron et Christina Ricci, deux femmes en quête d’elles-mêmes dans un monde abject : l’une, naïve et désespérée, assiste passivement à la dérive de l’autre, folle et désabusée. Jusqu’à ce qu’un retournement de situation change la donne. Et c’est ainsi que Christina Ricci, égale à elle-même (excellente) apporte le degré d’ambiguïté nécessaire à cette histoire traitée parfois avec ostentation mais sans concession.
Le DVD
Les suppléments :
Si Monster constitue l’un de nos coups de cœurs, c’est uniquement grâce aux bonus de ce collector. Car, outre les interviews de Charlize Theron et Patty Jenkins, outre le très sympathique making of d’un quart d’heure (sincère et sans fioritures), cette édition vaut vraiment le détour grâce au documentaire de Nick Broomfield baptisé Eileen : Selling of a Serial Killer. Pendant 1h23, le journaliste anglais (auteur de Kurt & Courtney) va enquêter sur cette affaire (le tournage s’effectue lors des nombreux procès de la « tueuse en série »), va s’évertuer à rencontrer l’accusée quitte à devoir passer par des intermédiaires plus que douteux. C’est déconcertant, parfait drôle, mais surtout inquiétant au regard du fonctionnement du système judiciaire américain.
Très bien monté, ce documentaire permet également de voir le vrai visage d’Eileen, privé du filtre si rassurant, voire déshumanisant, du cinémascope ; les images d’archives ici sont brutes, les témoignages (celui du viol) font froid dans le dos. Un excellent travail qui contrebalance la vision trop artificielle proposée par Hollywood.
La technique :
Impeccable. L’image est granuleuse à souhait ; on saisit bien mieux tout le sordide de cette histoire. Même les nuances des problèmes de peau du personnage principal sont étonnement mises en valeur tant le détail est précis.
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