Le 13 février 2010
Memento... inoubliable ? Regarder Mementon’est pas tout à fait comme apprendre à marcher sur la tête, ni tenter de courir un cent mètres à reculons, mais c’est prendre un sacré risque : celui de douter de tout, à commencer de soi-même. Merci Monsieur Nolan.
- Réalisateur : Christopher Nolan
- Acteurs : Guy Pearce, Carrie-Anne Moss, Joe Pantoliano, Callum Keith Rennie, Thomas Lennon, Jorja Fox
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 2h31mn
- Date télé : 12 août 2024 22:36
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Reprise: 12 juillet 2023
- Date de sortie : 11 octobre 2000
Résumé : Leonard n’a qu’une idée en tête : traquer l’homme qui a violé et assassiné sa femme. Sa recherche du meurtrier est rendue plus difficile par le fait qu’il souffre d’une forme rare et incurable d’amnésie : il est incapable de savoir ce qu’il a fait dans le quart d’heure précédent, où il se trouve, où il va et pourquoi. Pour ne jamais perdre son objectif de vue, il a structuré sa vie à l’aide de fiches, de notes, de photos, de tatouages sur le corps.
Critique : Fermez les yeux. Le monde continue d’exister. Tout Memento repose sur cette angoissante constatation. Le conflit perpétuel entre l’illusion, peut-être le désir, et la réalité. Le personnage dostoievskien du Sous-sol revendiquait le droit d’agir à l’encontre de son propre intérêt, quoi qu’il lui en coûtât. C’est ce que fait Lenny... pardon, Leonard (seule sa femme l’appelait Lenny), mais lui ne s’en doute même pas.
- © Metropolitan FilmExport
Les autres personnages du film le voient, souvent incrédules, évoluer dans un monde partiel, qui se dérobe sous lui. Comment pourrait-il en être autrement ? Leonard Shelby a perdu la mémoire... ou plutôt, il ne cesse de la perdre. Chaque instant de sa vie, chaque seconde traversée disparaît sans laisser de traces, si ce ne sont celles qu’il saisit au travers de son polaroïd ou des tatouages dont il recouvre son corps et qui sont autant de stigmates indélébiles de son étrange "condition".
Christopher Nolan mène Lenny en bateau, ceux qu’il croise usent et abusent de lui. Mais Leonard, à son tour, fait de nous des victimes consentantes. L’axiome de base est respecté : le cinéma est un leurre et la caméra va de trahisons en entourloupes ! Un homme nous raconte ce qu’il vit, donc ce qu’il vit est ce qu’il nous raconte. Pas de raisons de douter. L’omniscience du spectateur est rudement battue en brèche, en grande partie du fait d’une construction scénaristique plus qu’atypique qui fait de Memento un film hors du commun. Un autre atout maître, ici, est sans aucun doute l’acteur principal, Guy Pearce. Son charme, son obstination agaçante, ses certitudes, que rien n’ébranle, ne l’en rendent que plus touchant, parfois même drôle. Son regard est une fenêtre sur une âme en lutte avec elle-même.
- © Metropolitan FilmExport
Sa femme morte - de l’agression alors subie date son traumatisme - il traque inlassablement celui qu’il soupçonne de l’avoir tuée, épaulé dans sa quête par un auxiliaire mystérieux et adepte du téléphone. Juste une manipulation supplémentaire. Puisque la police a classé l’affaire, lui trouvera. N’était-il pas enquêteur en assurances ? N’était-il pas passé maître dans l’art de débusquer les fraudeurs ? Souvenez-vous l’histoire de Sammy Jenkins, qui souffrait du même mal. Il aurait pu surmonter son mal, s’il s’était astreint à une draconienne gymnastique de l’esprit : faire de sa vie une suite de gestes prédéfinis, immuables, qui vous permettent de garder la tête hors de l’eau. Une sorte d’aliénation par l’action. Je suis ce que je fais.
Memento, au final, porte un regard dérangeant sur la liberté, sur une liberté dangereuse et perverse. Celle du choix, de l’autodétermination que nous exerçons, de fait, parfois à notre insu ou en détournant le regard, même en dépit de notre propre intérêt - et à cet égard, la scène du "choix de Léonard" compte parmi les plus émouvantes -... mais savons-nous seulement où se trouve notre intérêt ?
Fermez les yeux. Le monde continue d’exister. Ne reste plus qu’à y trouver votre place.
DVD Collector - Zone 2
– On attendait cette sortie du coffret collector avec impatience pour enfin regarder le film monté à l’endroit.
Cette version sur le disque 2 en VO/ST est moins surprenante qu’il n’y paraît. Même monté normalement, le film ne perd rien de son potentiel scénaristique. Il est vrai qu’après l’avoir visionné, on comprend pourquoi Nolan l’a monté à l’envers. Ce montage atypique parvient à plonger le spectateur dans la confusion de l’esprit de Léonard.
– Outre ce "bonus exceptionnel", le DVD collector zone 2 est un peu moins fourni que le zone 1 : on n’y retrouve pas le court-métrage inédit de Christopher Nolan, ni les campagnes publicitaires, ni la structure d’une scène, ni les galeries de photos et de dessins.
– Le coffret de divise en deux DVD :
Sur le disque 1 : On retrouve le film, un commentaire audio de Nolan (VO/ST), la bande-annonce du film, la filmographie du réalisateur et des acteurs et un double chapitrage chronologique et inversé.
Sur le disque 2 :
Le film en montage inversé VO/ST, un making of de 25 minutes assez intéressant "Autopsie d’une scène" et la bande-annonce alléchante de Following, le premier long-métrage de Christopher Nolan.
– Format image : 2.35 respecté
– Format écran : 16/9 anamorphique - compatible 4/3
– Son : Anglais Dolby Digital, 5.1 ; Français Dolby Digital, 5.1 - Sous-titre : Français
Galerie photos
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bbjj83 17 mars 2007
Memento - Christopher Nolan - critique
"Memento", ce film je m’en souviendrais parce que j’ai détesté. Je n’ai rien compris surtout et je n’ai pas regardé jusqu’à la fin !!
Tous ces tatouages et les photos ... ça a été un vrai casse-tête pour moi.
domik 2 janvier 2012
Memento - Christopher Nolan - critique
Grandiose.. la critique, comme le film :)
birulune 23 novembre 2016
Memento - Christopher Nolan - critique
Il a bercé mes années fac ce film : Savoir où l’on va, ne pas savoir d’où l’on vient (...)
Grand film mais petite histoire seul le traitement du sujet en fait un chef-d’œuvre. Le spectateur est encore plus berné que dans un film de Almodovar. Une façon de voir la suite des choses ( pardon envers nos bourreaux, envie d’aller plus loin) incomparable et inédite puisque l’on est traîné de force dans le geste insensé de Leonard Shelby. Un pendant a l’Homme Qui Voulait Vivre Sa Vie, en plus poivré a l’espagnole