Une énième victoire du gendarme du monde
Le 31 mai 2018
Un thriller d’espionnage vintage, à ce point convenu et manichéen que la seule véritable surprise du film réside dans la présence de cheveux sur le crâne de Dean Norris, le beau-frère flic de Breaking Bad.
- Réalisateur : Brad Anderson
- Acteurs : Rosamund Pike, Jon Hamm, Dean Norris
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h49mn
- Titre original : Beirut
- Date de sortie : 30 mai 2018
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Résumé : Diplomate américain, Mason Skiles organise une réception, en présence de sa femme et de Karim, orphelin libanais de 13 ans que le couple espère adopter. Mais le cocktail est perturbé par l’arrivée du meilleur ami de Mason, l’agent de la CIA Cal Riley, porteur de nouvelles inquiétantes concernant Karim. Quelques secondes plus tard, des terroristes font irruption et ouvrent le feu sur les convives. Les conséquences sont terribles.
Notre avis : « Beyrouth était un exemple de multiculturalisme... jusqu’à l’arrivée des Palestiniens ». C’est, en substance, sur ce constat que s’ouvre Opération Beyrouth, via un monologue tenu par le personnage de Jon Hamm. On aurait pu espérer que le scénario mis au point par Tony Gilroy (connu pour avoir scénarisé les Jason Bourne et Rogue One) irait dans la direction d’une inversion des valeurs de cet anti-héros, mais c’est tout le contraire qui se produit. Cet homme, Mason Skiles, un diplomate américain autrefois basé à Beyrouth, et travaillant désormais dans le secteur privé, ne sera jamais contredit par la petite aventure dans laquelle il se retrouve plongé lorsqu’on lui demande de retourner au Liban pour assurer les négociations dans le cadre de l’enlèvement d’un agent de la CIA. Les coupables de cette prise d’otage sont, sans surprise, des terroristes palestiniens, tout comme ceux qui, dix ans plus tôt, ont tué sa femme. Et pourtant, au détour d’un champ-contre-champ, Skiles se retrouve face à deux gamines affamées qui auraient pu lui ouvrir les yeux sur la dure situation de ce même peuple dans ce pays en guerre. Mais cette scène, qui se voudrait touchante, est suivie par l’une de celles qui viendront au mieux appuyer la déshumanisation et le manque de considération pour la vie humaine des principaux antagonistes de ce thriller.
- Copyright Warner Bros. Entertainment
Selon les codes classiques du thriller d’espionnage, tous les interlocuteurs de Skiles, à commencer par la CIA qui l’emploie, défendent leurs intérêts et l’obligent à faire cavalier seul pour atteindre son objectif. Celui-ci ne dépassant jamais la libération d’un seul homme qu’il a autrefois connu, l’intrigue ne fait que survoler mais ne permet pas de profiter pleinement de la complexité des enjeux géopolitiques dans laquelle la ville est plongée. Son seul twist notable, qui consiste à considérer l’OLP (des Palestiniens donc) comme étant également opposé aux vilains terroristes, aurait pu amoindrir les clichés racistes cités en ouverture. Mais, plutôt que devenir de potentiels alliés, l’organisation de Yasser Arafat n’est représentée par un de ses « ministres », comme une caricature de magouilleur véreux et repoussant. Il en faudra donc un peu plus que le comportement belliqueux des ambassadeurs américains et israéliens pour dédouaner le film de son manichéisme primaire. Et son final, basé sur des images d’archives, ne fait que renforcer un peu plus son sous-texte pro-américain, comme tant d’autres films d’espionnage hollywoodiens oubliés aussi vite que l’on oubliera celui-ci.
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