The doldrums

Comment dire... Imaginez une cassette audio (ferro ou chrome-dioxyd, peu importe) oubliée par mégarde tout un été sur la plage arrière de votre 4L. Sur cette cassette, votre cousin Jacky, ce vieux hippie, vous avait enregistré une émission culte de sieur Francis Zégut, en grandes ondes, dont le thème était "le meilleur du free folk des seventies". Ca y est ? Vous y êtes ? Z’imaginez un peu le son à l’arrivée ? Eh bien c’est à peu près ce que propose cet hurluberlu californien, dont la cassette est tombée entre les oreilles éclairées de Animal Collective pour ne plus quitter leur bus de tournée.

Résultat : cette collection de chansons débraillées sort aujourd’hui tel quel sur le label de Animal Collective, ajoutant encore au brouillage de piste en règle pratiqué par le duo. Car la musique de Ariel Pink est indomptable, inclassable. Bien que baignant dans une atmosphère néo-folk, The doldrums ne rechigne pas à aller se trémousser sur des pistes disco (Among dreams) , bien aidée par la voix bee-geesienne de monsieur Pink, à aller se perdre dans des méandres free-rock (les onze minutes de The ballad of Bobby Pyn), ou à inventer une espèce de punk lo-fi et feignant. Robin Gibb, Beck et Syd Vicious dans le même hamac, en somme.

Alors si vous en avez votre claque des artistes qui ambitionnent de devenir les maîtres du monde, si Devendra Banhart vous paraît plus que suspect et un peu trop propre sur lui, essayez Ariel Pink : c’est crade, mais ça lave plus rose.