Niño rojo & Rejoicing in the hands

C’est Michael Gira, tête pensante des Swans et patron du label Young God, qui est tombé par hasard sur les cassettes rudimentaires enregistrées sur quatre pistes par Banhart pour ses amis. Après avoir songé à faire entrer le songwriter à la voix de falsetto en studio, il décide finalement de publier deux premiers recueils de ces titres que le jeune artiste enregistre à la pelle (Oh my oh my et The black babies, sortis respectivement en fin 2002 et début 2003). La paire de génie (le songwriter prodige et le producteur expérimenté) se fait ainsi la main, et planifie l’attaque surprise de 2004 : deux albums jumeaux, publiés à quelques mois d’intervalle, que Banhart décrit ainsi : "Rejoicing in the hands, c’est la mère. Elle a déjà de l’expérience, elle observe. Niño rojo, c’est l’enfant, qui n’observe pas mais participe. Exubérant, insouciant, il fonce tête baissée."

Mais bien que fonçant tête baissée, Niño rojo reste fidèle à l’univers insouciant et inoffensif de Banhart : armé de sa guitare sèche ou de son piano, parfois secondé par de légères cordes, un banjo ou des glockenspiels, ce doux rêveur à la voix d’ange nous fait partager un univers digne de Lewis Carroll. On y croise pêle-mêle des amis proches (Will is my friend, This beard is for Siöbhan, Todo los Dolores), des animaux (Wake up little sparrow, Little yellow spider, Insect eyes ou Owl eyes) ou des lieux magiques (Poughkeepsie, The good red road, Water may walk). Et tout au long de ces 32 titres, on reste charmé et émerveillé à l’écoute de cette musique finalement si simple et si belle.

La recette ? Elle réside sans doute dans la réponse que donne Michael Gira lorsqu’il décrit son protégé comme "la personne la plus pure et la moins intéressée que j’aie croisée dans le milieu de la musique". Et il en connaît un rayon sur le sujet.