La part du lion
Le 16 décembre 2004
Le rappeur new-yorkais franchit un nouveau palier dans le culte de soi sur un double-album caméléon.
- Artiste : NAS
Revenu de loin, après un coup de mou et le bouleversement qu’a représenté pour lui la mort de sa mère, l’enfant de Queensbridge a retrouvé un rythme de croisière impressionnant. Après God’s son l’an dernier, le double Street’s disciple lui donne l’occasion d’affirmer pleinement sa mégalomanie inspirée.
Ceux que la mégalomanie grandissante de Nasir Jones agace en seront pour leurs frais sur ce Street’s disciple dont le titre laissait augurer d’une accalmie après le gonflé God’s son (NAS, fils de Dieu ? Et puis quoi encore...) Car sur ce double album à l’ambition démesurée, le rappeur new-yorkais embrasse de plus belle sa nouvelle identité de prophète auto-proclamé (les derniers mots de l’intro sont d’ailleurs "This is prophecy"). A travers le disque, il conseille ses petits frères du ghetto en prenant son propre exemple de réussite (Nazareth savage), il dresse la liste de ses conquêtes féminines (Remember the times) tout en rappelant à quel point il fera un mari idéal pour sa fiancée Kelis (Getting married), fustige les filles de petite nature et leur entourage (The makings of a perfect bitch), et fait même dire à son père, le trompettiste Olu Dara, "you’re the greatest man alive" en parlant de lui !
Tout cela paraîtrait pour le moins repoussant si NAS ne se donnait les moyens de sa débordante ambition. Car Street’s disciple est porté par une fougue jouissive, une envie d’en découdre et de manger à tous les râteliers qui interpelle. NAS tutoie le blues sur le superbe single Bridging the gap, en duo avec Olu Dara, il caresse la soul, dompte l’électro et se love parfois dans des ambiances jazzy qu’il fuyait encore il y a quelques années. Sa grande force, c’est aussi d’être capable de lier l’histoire de la musique à sa propre histoire, le macro et le micro. Profitant de sa filiation, il construit une espèce de montage alterné entre le parcours de la musique noire américaine, du hip-hop (These are our heroes, U.B.R.), et son propre parcours. Il exprime merveilleusement bien les rapports conflictuels avec ses parents, le choc de la mort de sa mère, et la prise de conscience qui s’ensuivit. Il redécouvre alors son père, et avec lui l’importance du blues et du jazz pour le hip-hop.
Alors même si Street’s disciple souffre de certaines boursouflures et que le plus grand fan de NAS ne sera jamais que NAS lui-même, il serait dommage de passer à côté d’un artiste aussi singulier, qui a le courage de se mettre ainsi à nu, et de porter haut ses ambitions.
Street’s disciple, NAS (Columbia/Sony), 2 cd
Tracklisting :
CD 1 :
1 Intro
2 A message to the feds, sincerely, we the people
3 Nazareth savage
4 American way
5 These are our heroes
6 Disciple
7 Sekou story
8 Live now
9 Rest of my life
10 Just a moment
11 Reason
12 You know my style
CD 2 :
1 Suicide bounce
2 Street’s disciple
3 U.B.R. (Unauthorized biography of Rakim)
4 Virgo
5 Remember the times (intro)
6 Remember the times
7 The makings of a perfect bitch
8 Getting married
9 No one else in the room
10 Bridging the gap
11 War
12 Me & you
13Thief’s theme
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yakuz65 21 novembre 2005
Street’s disciple
Album très décevant de la part de Nas qui nous avait habitué à mieux.Dommage que Nas ne soit plus aussi performant qu’il y a 5 ou 10 ans.