Hot hot hit
Le 11 décembre 2003
Brillant casting et audaces sonores sur le nouvel album de la toujours imprévisible Kelis.
- Artiste : Kelis
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Troisième album de la jeune New-Yorkaise et le premier sans le concours exclusif des Neptunes, Tasty tâte de tout : du sexe (beaucoup), des drogues et même du rock’n’roll.
Depuis leur Kaleidoscope de 1999, les bricolages électro du trio Kelis/Neptunes ont contaminé tout le petit monde de la pop, du rap ou du R&B. Au point de donner un gros coup de vieux à la soul premier degré façon Mary J. Blige. Ici, le son Neptunes, récemment pastiché sur le dernier album de Kylie Minogue ou de Britney Spears, en vient même à déteindre sur ce vieux briscard de Dallas Austin (Boys II Men, TLC), responsable de deux titres tout à fait honorables : Trick Me Twice, suite du vindicatif et déjanté Caught Out There, et Keep It Down.
S’en remettant à d’autres talents que ses compères de la première heure, Kelis n’a donc pas revu à la baisse le niveau de ses exigences. Résultat : le classique (le néo-soul Glow, avec Raphael Saadiq) et le sensationnel (Millionaire avec Andre 3000 d’Outkast, aussi bon que n’importe quel morceau du duo d’Atlanta) font oublier le faiblard (un duo pas inoubliable avec le fiancé Nas sur In public). Le tout baigne dans une atmosphère onirique et charnelle qui culmine sur l’hypnotique Marathon, à côté duquel le dernier Massive Attack paraît vraiment tout petit. Les Bristoliens n’auraient d’ailleurs jamais osé une chute aussi savoureuse que celle qui conclut Tasty (à vous d’aller voir, on ne dévoile rien).
Un mot sur les cinq titres signés par Chad Hugo et Pharell Williams : pas de surprises, même si Flashback et Protect my heart sont plus proches de leur travail pour Justin Timberlake que des premiers albums de Kelis. Quant à Milkshake, c’est un single addictif où la voix mutine de la chanteuse fait merveille, ouvrant pas mal d’interprétations (en substance : "mon milkshake est meilleur que le tien, il m’amène tous les garçons du quartier"). Un bon candidat pour illustrer la prochaine campagne de promotion des produits laitiers.
Impossible donc à la fois d’encenser Kylie la vilaine copieuse et de snober Kelis la défricheuse. À même pas vingt-cinq ans, cette dernière peut déjà se targuer d’une des œuvres les plus singulières de la soul moderne, tenant autant de l’esprit rebelle de Courtney Love que de l’héritage d’Aretha Franklin.
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